Aujourd'hui : "Une bonne farce"

1910, Salon des Indépendants, Paris. Les visiteurs découvrent une toile intitulée Coucher de soleil sur l'Adriatique. Ce tableau est signé par un mystérieux Boronali, inconnu du monde de l’art...
La toile représente de manière abstraite un coucher de soleil teinté d’or, de vert et de rouge.

En cherchant le nom de l’artiste dans un ouvrage de référence (Bénézit), on trouve : "Boronali, Joachim-Raphaël, peintre originaire de Gènes, né au XIXème siècle."
Mais c’est seulement quelques jours après le vernissage que l’on découvre la véritable identité du peintre. Le critique d’art Roland Dorgelès révèle que tous les visiteurs ont été victime d’un canular : la peinture, si avant-gardiste, est en fait l’œuvre d'un âne !

Une bande de joyeux drilles s’est amusée à accrocher un pinceau à la queue de l’âne du Père Frédé, patron d’un cabaret de Montmartre.

La bête surnommée Lolo a été nourrie de feuilles de tabac afin qu’elle agite la queue devant une toile vierge.
Mais les auteurs de la farce sont rapidement identifiés : il s’agit de Roland Dorgelès lui-même et de ses amis ! Et le nom du peintre, Boronali, est en fait l’anagramme d’Aliboron, mot utilisé depuis le Moyen-âge pour désigner l'animal.

La révélation, qui pour Apollinaire s’avère être une "aimable plaisanterie", fait beaucoup de bruit. Ils ont voulu se moquer de la "valeur de l’exposition", où un élément est considéré comme une œuvre d’art par le simple fait d’être exposée au public.
La fable de l’âne devenu peintre attise les questions quant au statut de l’artiste … Lolo n’avait plus qu’à abandonner sa carrière si rapidement commencée !

Pour en savoir plus :

Sur Roland Dorgelès

Sur l'œuvre



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