Aujourd'hui : "Un homme doublement blessé"

Appuyé au tronc d'un arbre, un homme au teint pâle, les yeux clos, se repose... d'un repos particulier.
La poignée brillante de l'épée posée à son côté et la marque rouge tachant sa chemise nous inquiètent. Un "dormeur" s'endormant pour son dernier sommeil ?
Courbet livre ses intentions dans une lettre à Proudhon : "La vraie beauté ne se rencontre que dans la souffrance […]. Voilà pourquoi mon duelliste mourant est beau". Il s’inscrit ainsi dans la tradition des artistes romantiques.

Courbet s’est en fait peint lui-même en 1844. Il se représente sous les traits d’un homme trouvant une accalmie pour son agonie dans le sommeil.

Le duel semble en effet avoir mal tourné... "J'ai fait dans ma vie des portraits de moi au fur et à mesure que je changeais de situation d'esprit", affirme-t-il encore. Quel changement peut être si fort qu’il faille représenter un duel perdu, un Courbet mourant ?

Une radiographie réalisée en 1973 donne la clef de l'énigme. Courbet n'hésitait pas à reprendre ses toiles, à les modifier. La radio révèle ainsi trois stades successifs de cette peinture : tout d'abord, un profil de femme (son amante Virginie Binet), qui sera transformé en 1844 en une sieste d'amoureux.
Mais, douze ans plus tard, elle le quitte. La femme disparaît du tableau. L’homme ne bouge pas, mais du côté où sa belle était endormie apparaît la blessure...

Pour en savoir plus :

Sur Gustave Courbet

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