"Comme il n'est pas aisé de cacher le feu, il n'est pas facile de cacher l'amour." Madeleine de Scudéry
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Aujourd'hui : "Un amour indélébile ?"

Où l’on découvre qu’une muse ne se laisse pas effacer si facilement...

Gustave Courbet, L'atelier du peintre, 1855, Huile sur toile, 359 × 598 cm, musée d'Orsay
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"C'est le monde qui vient se faire peindre chez moi" explique Gustave Courbet lorsqu'il décrit L'atelier du peintre.

Dans cette oeuvre réalisée en 1855, il met en scène le monde, son monde.

Détail du tableau

A l’extrême droite, on y trouve Baudelaire, appuyé au rebord d'une table, un livre ouvert sur les genoux.
Il fait partie, comme ceux qui l’entourent, des proches du peintre, de ceux qui le soutiennent, de ses mécènes. Ce sont les "Élus".

Détail du tableau

A l’opposé, à gauche, comme dans une scène de Jugement Dernier, se trouvent les réprouvés, "ceux qui vivent de la mort" dit-il.
Le peintre, au centre, préside cette scène, tel Dieu.

Charles Baudelaire, par Étienne Carjat, 1862
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Un jour, alors que le tableau commence à être exposé, Baudelaire vient frapper à la porte de son ami et lui demande un service un peu particulier...
Alors que Courbet l'avait représenté accompagné de Jeanne Duval, sa maîtresse, Beaudelaire le prie de faire disparaître cette dernière du tableau.

Est-ce là la conséquence d’une des nombreuses disputes qui émaillent le quotidien de ce duo aussi passionné qu’agité ? Ou bien est-ce une réticence à exposer ainsi cette muse déjà très critiquée à cause de sa peau foncée ? Nul ne peut le dire aujourd’hui.

Mise en évidence du repeint

Toujours est-il que pour faire plaisir au poète, Courbet accède à sa requête. Il se contente toutefois de passer sur la jeune femme une couche de peinture reprenant la couleur du fond du tableau.
Aujourd'hui, le temps ayant agi sur les pigments, la silhouette de Jeanne réapparaît. Si l’on observe attentivement le tableau, il est possible d’apercevoir l'ombre d'un personnage au cou gracile, aux cheveux relevés, inclinant légèrement la tête...

Jeanne, cette femme de l'ombre, pourtant choisie par Baudelaire ; cette étrangère "à la peau foncée" rejetée par la société de l'époque, se fait ici fantôme, amour ineffaçable...

musée d'Orsay, Paris, copyright RMN-Grand Palais, Hervé Lewandowski

Pour en savoir plus sur l'œuvre

Endommagé par ses conditions de stockage et ses nombreux déplacements, L’Atelier du peintre a aujourd’hui besoin d’être restauré. Cette restauration vise trois objectifs : assurer la stabilité de la couche picturale, améliorer sa lisibilité et consolider son support. La restauration aura lieu in situ, derrière une enceinte vitrée. Le public pourra ainsi suivre l’opération et le travail des restaurateurs, étape par étape.
Plus d'informations sur la restauration

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Racontée par
Sarah Puech
Validée par Gérard Marié,
professeur d'histoire de l'art
Sciences Po Paris
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