Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?

"Suivre les maîtres ! [...] Ils ne sont des maîtres que parce qu'ils n'ont suivi personne."

Paul Gauguin

Bonjour,
Aujourd'hui : "Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?"
Où l’on découvre que Gauguin ne se prend pas pour n’importe qui.

1889. L’artiste Gauguin met le dernier coup de pinceau à son tableau. Sa toile représente un épisode de la Bible : le Christ, l’air abattu, est au jardin des Oliviers. Abandonné et trahi, il vit sa dernière nuit avant son arrestation. Mais s’agit-il vraiment du sujet de l'œuvre ?

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Paul Gauguin, Christ au jardin des Oliviers, 1889, huile sur toile, 72 x 91 cm, Norton Museum of Art, West Palm Beach
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Peut-être pas, car certains détails ont de quoi intriguer. Ce Christ a le même nez, la même barbe et le même profil que... Gauguin lui-même ! Pas de doute, il s’agit en réalité d’un autoportrait du peintre.

Gauguin aurait-il pris la grosse tête, au point de se voir comme un messie ? Pas vraiment… C’est plutôt un moyen de se représenter triste et accablé.

Paul Gauguin, Autoportrait au Christ jaune, 1890, huile sur toile, 38 × 46 cm, Musée d'Orsay, Paris
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Lorsqu’il peint ce tableau, l’artiste se sent un peu comme ce Jésus au jardin des Oliviers : isolé, loin de ses disciples relégués au fond de la toile, au milieu d’une nature peu accueillante.

Paul Gauguin, Christ au jardin des Oliviers, 1889, huile sur toile, 72 x 91 cm, Norton Museum of Art, West Palm Beach. Détail de l'œuvre

Gauguin traverse alors une mauvaise période : ses expositions font des flops, ses tableaux ne se vendent pas… Il faut dire que son style de peinture, très nouveau, ne plaît pas à grand monde. Ses hachures et ses aplats de couleurs pures sont plutôt éloignés du goût de l’époque.

Paul Gauguin, Vision après le sermon, 1888, huile sur toile, 72 x 91 cm, Galerie nationale d'Écosse, Édimbourg
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Sans un sou en poche, Gauguin, déprimé, voit ses élèves prendre leurs distances. Même son copain Van Gogh, qui reçoit un croquis de la toile, ne le soutient pas. Ce tableau s’éloigne beaucoup trop du réel à son goût !

Paul Gauguin, Van Gogh peignant des tournesols, 1888, huile sur toile, 73 x 91 cm, Van Gogh Museum, Amsterdam
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D’ailleurs, si les cheveux du Christ-Gauguin sont roux sur le tableau, cela n’a rien d’un hasard : c’est alors la couleur des marginaux. Il faudra attendre plusieurs décennies pour que Gauguin finisse par être admiré de tous. Car les artistes d’avant-garde, eux, le considéreront comme... un véritable messie !