Aujourd'hui : "Les dessous du scandale."

Printemps 1878. Un vent de scandale souffle dans l’atelier parisien du peintre Henri Gervex. La foule se presse autour de sa dernière création, Rolla. Le tableau vient d’être refusé aux Beaux-Arts pour immoralité...

Qu’est-ce qui a donc pu choquer à ce point les membres du jury ?

La scène est inspirée d’un poème d’Alfred de Musset qui évoque l’existence débauchée du jeune bourgeois, Jacques Rolla, et sa rencontre avec Marie, une prostituée.

Le peintre a représenté l’instant où Rolla, contemplant une dernière fois son amante endormie, s’apprête à se donner la mort en ingurgitant du poison.

Serait-ce le corps nu et alangui de la jeune femme qui causa le trouble ?

Quelques années auparavant, la nudité de la déesse d’Alexandre Cabanel avait pourtant conquis le public...

C’est en réalité le premier plan de Rolla qui est jugé immoral. Un jupon, une jarretière, un corset dégrafé négligemment jetés sur une chaise près du lit…

De quoi heurter la sensibilité des spectateurs, à une époque où la vue d’une pointe de bottine féminine était considérée comme hautement érotique !

Sans parler de cette canne sans équivoque qui émerge des sous-vêtements…

C’est en fait Degas qui a eu l’idée de ces détails : "Mets donc un corset par terre !" aurait-il conseillé à Gervex, pour qu’on comprenne que cette femme n’est pas un modèle mais bien une prostituée. Et de conclure, une fois la toile refusée et la polémique lancée : "Tu vois, on a compris que c’est une femme qui se déshabille."

Cela ne fut d’ailleurs pas sans déplaire à Gervex. En termes de publicité, un scandale vaut parfois mieux qu’une médaille…

Pour en savoir plus :

Sur Gervex

Sur l'œuvre

Pour écouter Rolla, le poème d'Alfred de Musset



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