"Le costume d'académicien coûte cher, trop cher, j'attends qu'il en meure un qui ait ma taille." Tristan Bernard
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Aujourd'hui : "Pourquoi pas moi ?"

Où l'on apprend à croire ce que l'on voit.

Adélaïde Labille-Guiard, Autoportrait avec deux élèves, 1785, huile sur toile, 210 x 151 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York
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Une femme peintre, quel culot ! Au XVIIIe siècle, les femmes sont considérées comme trop frivoles pour peindre de grands tableaux. Mais Adélaïde Labille-Guiard, une fameuse portraitiste de l’époque, n'est pas du genre à se laisser faire...

Au début des années 1780, on l'accuse de ne pas savoir peindre : elle ne ferait que signer les toiles de son amant, lui-même peintre reconnu... Labille-Guiard va prouver que les femmes sont tout aussi capables que les hommes !

Martin Jean-Baptiste l'Ancien, Une assemblée ordinaire de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture au Louvre, XVIIIe siècle, huile sur toile, 30 x 43 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda / Thierry Le Mage

Pour cela, la portraitiste souhaite entrer à la prestigieuse Académie royale de peinture. Elle a besoin des votes des académiciens, artistes comme elle.

Mais ce sont quasiment tous des hommes, dont certains sont réputés ne pas être très ouverts d'esprit… Comment prouver qu'elle sait très bien dessiner par elle-même ?

Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de Mr de Beaufort, peintre, 1783, pastel, 57 x 47 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : © RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola Thierry Le Mage

Tout simplement en faisant poser des académiciens pour elle ! Patiemment, sous les yeux de ses modèles, elle réalise leurs portraits au pastel, sa spécialité.

Respectant à la lettre les codes du portrait de son époque, elle les représente de trois-quarts, souvent accompagnés d'un attribut caractéristique de leur métier.

Adélaïde Labille-Guiard, Le Sculpteur Augustin Pajou, 1783, pastel, 71 x 59 cm, Musée du Louvre, Paris
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Parmi eux, le sculpteur Augustin Pajou lui accorde plusieurs séances de pose. Labille-Guiard en fait un portrait vivant et dynamique, ce qui lui permet de montrer toute l’étendue de son talent.

Un témoin de l’époque rapporte même, à propos de l’œuvre : "Comme ce bras nu, correctement dessiné, paraît de relief et sortir de la toile !"

Marie-Gabrielle Capet, Dans l’atelier de Madame Labille-Guiard-Vincent vers 1800, 1808, huile sur toile, 69 x 83 cm, Neue Pinakothek, Munich
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Tous ses efforts sont finalement récompensés, Adélaïde Labille-Guiard entre à l'Académie en 1783. Il faut dire que les académiciens ont bien été obligés de croire ce qu'ils voyaient : une artiste tout aussi douée qu'eux !

Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de Madame Clodion, 1783, pastel, 66 × 55 cm, Musée du Louvre, Paris
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Pour en savoir plus :

Sur Adélaïde Labille-Guiard

Sur ses liens avec l'autre grande portraitiste Vigée Le Brun (conférence audio)

Sur les femmes artistes et l’Académie

Sur les femmes artistes en 1800

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Validée par Gérard Marié,
professeur d'histoire de l'art
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