"J’espère [...] mettre sur la toile l’aspect brillant, papillotant et en même temps dramatique de la corrida." Édouard Manet
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Aujourd'hui : "Un homme à terre !"

Où l’on découvre qu’Édouard Manet ne détruit ses œuvres qu’à moitié.

Le Salon de Paris en 1864, vue côté Jardin, Archives nationales
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En 1864, le peintre Édouard Manet expose au Salon de Paris. Cet événement artistique prestigieux doit l’aider à se faire connaître. Hélas, son tableau Épisode d’une course de taureaux est la cible de moqueries ! Quel est le problème ?

Reconstruction du tableau d'Édouard Manet, Épisode d’une course de taureaux, par Susan Grace Galassi et Ann Hoenigswald, The Museum of Modern Art, New York
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Le public s’étonne du manque de perspective de l’œuvre. Manet, dans sa scène tragique de corrida, ne s’est pas soucié de représenter un espace crédible.

Le torero décédé, au premier plan, semble surdimensionné par rapport aux hommes du fond, qui tentent de maîtriser le taureau. La scène paraît trop irréelle.

Anonyme (anciennement attribué à Diego Velázquez), Soldat mort, XVIIe siècle, huile sur toile, 105 x 167 cm, The National Gallery, Londres
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Pire encore, Manet est accusé d’avoir plagié les toiles de maîtres espagnols. Il aurait (entre autres) copié le tableau le Soldat mort, que l’on pense à l’époque être une œuvre du célèbre Velázquez.

Bertall, Promenade au Salon de 1864, Journal amusant n° 438, Bibliothèque nationale de France, Paris
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L’illustrateur Bertall s’amuse ainsi à publier une caricature qui ironise sur ces similitudes. Dans sa légende, il attribue l’œuvre à tous les autres artistes qui auraient un peu trop inspiré Manet...

Devant toutes ces critiques, le peintre est très vexé. Son sang ne fait qu’un tour : il détruit la toile ! De son tableau d’origine, il ne sauve que deux morceaux devenus indépendants : la scène de fond devient La Corrida et la figure du premier plan, Le Torero mort.

Édouard Manet, Le Torero mort, 1864-1865, huile sur toile, 76 × 153 cm, National Gallery of Art, Washington
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Manet continue malgré tout de travailler sur ce Torero mort et ce dernier est plus admiré isolé que dans la première version de l'œuvre ! En 1867, sous le titre de L’Homme mort, le tableau remporte un franc succès lors de l’exposition personnelle du peintre.

D’ailleurs, des années plus tard, l’artiste Matisse est époustouflé par cette toile. Pour lui, c’est l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Manet !

Édouard Manet, Combat de taureau, 1865-1866, huile sur toile, 89 × 109 cm, Musée d'Orsay, Paris
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Pour en savoir plus :

Sur Édouard Manet

Sur Manet et ses influences espagnoles

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Racontée par
Andréanne Béguin
Validée par Gérard Marié,
professeur d'histoire de l'art
Sciences Po Paris
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