Aujourd'hui : "Une fausse célébrité"

Paris, mars 1877. Sur le quai de la ligne d'Auteuil, un train crache sous la somptueuse verrière de la Gare Saint-Lazare.
En face, un peintre derrière son chevalet saisit de quelques coups de pinceaux rapides la scène et le souffle bleuté de la machine. Il s'agit de Claude Monet.
Peintre alors inconnu, il se fait passer pour un artiste célèbre qui a choisi de peindre la gare. Impressionné, le Directeur de la gare met ses services à sa disposition.

"Monet obtint tout ce qu'il voulut ; on arrêta les trains, on évacua les quais, on bourra de charbon les locomotives pour leur faire cracher la fumée qui lui convenait. Il s'installa en tyran dans la gare et peignit dans un recueillement général", raconte Renoir.

À une époque où l'art et le bon goût sont dictés par l'Académie qui prône la peinture de scènes historiques ou mythologiques grandiloquentes, Monet choisit de peindre la modernité.

Quels meilleurs symboles que ces voies ferrées et ces gares qui remodèlent Paris !
Monet va saisir merveilleusement en 12 toiles la fugacité des effets de la lumière, capter au vol la grâce de l'instant, le cliquetis et le halètement des machines. Il ne décrit pas, il évoque, il donne l'impression.
Quelques années plus tard, son ami Émile Zola s'inspirera de l'atmosphère pour écrire La Bête humaine. Monet deviendra le plus grand peintre de sa génération. Finalement, il avait juste anticipé sa notoriété de quelques années...

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