Aujourd'hui : "C'est faux !"

Années 1940, dans un club sombre de New York. Sur la scène, quatre musiciens jouent du saxophone, de la batterie, de la contrebasse et du piano. Le pianiste, justement, se balance étrangement au-dessus de son clavier. Sa manière de jouer surprend, comme s’il appuyait sur les touches de manière aléatoire…

Qu’est-ce qui lui prend ? A-t-il appris à jouer la veille ? Au contraire ! Il s’appelle Thelonious Monk, et il est aujourd’hui l’un des pianistes les plus célèbres et influents du jazz. Mais pour l’instant, les gens dans la salle ne le savent pas encore.

Car Monk possède un jeu de piano déroutant. À une époque où l’on recherche la rapidité et la virtuosité, il joue de manière imprévisible, avec des notes faussement hésitantes.

Il recherche en particulier les ruptures de rythme et les dissonances. C’est-à-dire que, au lieu de jouer la note de la mélodie, il joue d’un même coup des groupes de notes côte à côte sur le clavier, qui "ne sonnent pas" ensemble.

Qu’on ne se méprenne pas, tout cela est très travaillé par Monk ! Dans son appartement, il passe des heures à consciencieusement concevoir son style.
La virtuosité, il sait faire : ce qu’il recherche, c’est déconstruire son jeu de pianiste pour rechercher une nouvelle expressivité. Exactement comme Picasso qui, sachant parfaitement dessiner, choisit de s’exprimer avec des formes géométriques.

Ce style personnel et haché attire les meilleurs musiciens de l’époque, comme Miles Davis qui déclare :
"Son utilisation de l'espace dans les solos, sa manipulation d'étranges progressions d'accords m'étourdissaient, me tuaient. Je me disais toujours : ‘Mais qu'est-ce qu'il fout ce con ?‘"

Pour en savoir plus :

Sur Thelonious Monk

Son chef-d’œuvre ’Round Midnight (vidéo)

Sur la dissonance en musique (vidéo)



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