Aujourd'hui : "Mamie rockeuse"

1964, dans la banlieue de Manchester. Sous une pluie battante, une dame vêtue d’un élégant manteau et chaussée d’escarpins arrive en carriole sur le quai d’une gare désaffectée.

Devant elle se trouve une assemblée de jeunes gens attentifs. Indifférente au risque d’électrocution, elle s’empare d’une guitare électrique et commence à jouer…

Cette Américaine s’appelle Sister Rosetta Tharpe. Si son nom est aujourd’hui peu connu, elle est alors très populaire pour sa voix rauque et son jeu de guitare particulièrement énergique.

Sa spécialité ? Le gospel, un type de chant religieux puissant et exalté. Mais sa manière de chanter et d’arranger le gospel est tout à fait nouvelle.

À l’époque, il est inédit pour une femme, noire de surcroît, de s’accompagner à la guitare électrique. Son jeu est proche du blues mais elle va plus loin.

Dès les années 1940, sa musique ressemble beaucoup à ce que l’on appelle le rock’n’roll… Et ce, plus de dix ans avant la naissance officielle du genre !

Ses prestations vigoureuses ne laissent personne indifférent, et sa performance de 1964, retransmise à la télévision britannique, entre dans la légende.

Selon les historiens de la musique, elle aurait donné envie à toute une génération de se mettre à la guitare électrique !

Tharpe déclenche aussi des vocations aux États-Unis. Parmi ses jeunes admirateurs se trouve un certain Elvis Presley. Émerveillé par "la marraine du rock’n’roll", il s’inspire de son jeu de guitare et commence sa carrière en reprenant ses titres.

Quant à Sister Rosetta Tharpe, interrogée sur son influence, elle déclare amusée : "Oh, ces jeunes et le rock’n’roll… C’est juste du blues accéléré. Je fais ça depuis toujours".

Pour en savoir plus :

Sur Sister Rosetta Tharpe

Sur l’introduction de Sister Rosetta Tharpe au Rock’n’Roll Hall of Fame en 2018

Sur le concert de 1964 (en anglais)

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