Aujourd'hui : "Attention, fragile !"

L’artiste Patrick Neu aime la peinture classique et ses chefs-d'œuvre. Rubens, David, Ingres : ces grands maîtres le fascinent. Il leur rend hommage, mais à sa façon...

Patrick Neu choisit des détails de ces grands tableaux qu’il reproduit avec une précision prodigieuse. Surtout quand on sait qu’ils sont en fait réalisés… à l’intérieur de verres à pied !

Pourquoi utiliser ce support extrêmement inhabituel ? L’artiste de 52 ans aime travailler avec des matériaux peu conventionnels tels que des coquilles d’œufs, des mues de serpents et même des ailes d’abeilles !

"Ce sont des matières qui paraissent fragiles mais qui ne le sont pas forcément. Après tout, la vie est très fragile” explique-t-il.

Et si le support est étonnant, la technique l’est tout autant ! Ici, Patrick Neu dessine ces minuscules tableaux... dans de la suie. Il place une flamme à l’intérieur du verre, ce qui recouvre les parois internes de noir de fumée.

Puis, muni d’un pinceau très fin inséré dans le verre retourné, l’artiste reproduit avec une incroyable fidélité ces détails de célèbres tableaux.

Le pinceau vient retirer la suie déposée sur le verre, créant ainsi des formes sur les parois. Patrick Neu parvient même à jouer avec les dégradés pour rendre parfaitement les contrastes des œuvres originales… Tout cela sur quelques centimètres carrés !

Le résultat ? Des œuvres poétiques et singulières, qui évoquent avec humilité les sources d’inspiration de l’artiste. La descente de croix de Rubens, Le Cri de Munch, L’Enlèvement des Sabines de David… Ils sont tous reproduits dans des verres à pied en cristal. Pourtant, les tableaux ainsi créés restent très fragiles. Il suffirait de les toucher pour effacer tout ce patient travail !

En savoir plus
Le Palais de Tokyo présente cet été la première grande exposition de Patrick Neu.
Il propose un musée imaginaire évanescent dans lequel il fait dialoguer, avec force et fragilité, la mémoire de l’art et la vulnérabilité des matières. La sélection des œuvres qui sont présentées dans l’exposition suggère ce même dialogue : une armure de samouraï en cristal et une camisole de force en ailes d’abeille réalisées pour l’exposition, un Christ mort sur papier carbonisé, des vitrines enfumées par la mémoire du Jardin des délices de Jérôme Bosch…
Jusqu'au 13 septembre, Tous les jours de midi à minuit, sauf le mardi.
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