Sacrée récolte

"Ne vous laissez pas intimider par la nature, au risque d’être déçu du résultat."

Camille Pissarro

Bonjour,
Aujourd'hui : "Sacrée récolte"
Où l’on découvre qu’un tableau peut se faire cueillir.

Paris, 2017. Le musée Marmottan Monet consacre une grande exposition au peintre impressionniste Camille Pissarro. Pour l’occasion, une soixantaine d’œuvres sont rassemblées, dont La Cueillette des pois. L’œuvre est prêtée par un couple de collectionneurs américains… qui va bien vite le regretter !

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Camille Pissarro, La Cueillette des pois, 1887, gouache sur papier, 53 x 64 cm, collection privée
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Car un certain Jean-Jacques Bauer saisit la justice : il exige que La Cueillette ne quitte plus le sol français. La raison invoquée ? Il est le petit-fils de Simon Bauer, un collectionneur juif dépouillé pendant l’Occupation nazie de ses acquisitions… dont La Cueillette de Pissarro.
Il avait bien tenté, après la Libération, de reconstituer sa collection, mais il décède sans avoir pu y parvenir.

Jean-Jacques Bauer, petit-fils de Simon Bauer, collectionneur, photo : francetvinfo

Ses descendants prennent le relais. En 1965, ils pensent tenir La Cueillette, qui refait surface lors d’une vente. Mais la tentative échoue et l’œuvre se volatilise à nouveau.

Autant dire que lorsque, un demi-siècle plus tard, l’œuvre réapparaît sur les cimaises d’un musée parisien, il n’est plus question de la laisser filer !

Musée Marmottan Monet, Paris, photo : Thomon
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Les collectionneurs américains ne l’entendent pas de cette oreille. Ils clament leur bonne foi, rappelant avoir acquis l’œuvre légalement en 1995, en ignorant tout de sa provenance.

Les descendants Bauer, eux, s’appuient sur un texte de loi de 1945 qui déclare nulles toutes les transactions ayant eu lieu après les actes de spoliations de la Seconde Guerre mondiale. Voilà pourquoi, en juillet 2020, la sentence tombe : la toile doit être restituée aux Bauer !

Camille Pissarro, La Cueillette des pois, 1887, gouache sur papier, 53 x 64 cm, collection privée. Détail de l'œuvre

Mais l’affaire ne s’arrête pas là : le couple américain annonce qu’il compte saisir la Cour européenne des droits de l’Homme, estimant qu’ils n’ont pas à assumer les conséquences de crimes qu’ils n’ont pas commis. La saga n’est donc pas terminée !