9 novembre 1918, Paris. Allongé sur son lit, Guillaume Apollinaire entend des cris en provenance de la rue : "À mort Guillaume !". Que se passe-t-il ? Le célèbre poète serait-il si mal-aimé ?

Non, ces cris n'ont rien à voir avec lui. Ils s'adressent à l'empereur Guillaume II d'Allemagne, qui vient tout juste d'abdiquer. La fin de la Première Guerre mondiale est imminente.

Guillaume Apollinaire blessé à la tête, vers 1916
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Funeste hasard du calendrier, Guillaume Apollinaire décède justement ce jour-là. Et il est loin d'être le seul… En un an, la maladie qui vient de le terrasser va faire plus de 50 millions de morts à travers le monde, soit 5 fois plus que la guerre !

Cette maladie, c'est la grippe espagnole. Une forme de la grippe que nous connaissons bien, mais plus dangereuse et plus contagieuse.

Hôpital d'urgence du camp de Funston à Fort Riley (États-Unis), pendant l'épidémie de la grippe espagnole, 1918, National Museum of Health and Medicine, Silver Spring
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Surtout qu'à l'époque, il n'y a aucun antibiotique pour soigner les surinfections bactériennes contractées par les malades, principalement de jeunes adultes.

Mais comment en est-on arrivé là ? Contrairement à ce que son nom indique, l'épidémie n’aurait pas débuté en Espagne, mais… en Chine.

Transport du virus de la grippe espagnole pendant la Première Guerre mondiale, photo : Institut Pasteur
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En 1918, des militaires américains et des travailleurs chinois l’auraient ramenée dans leurs bagages.
Là, le virus initial (H1) aurait évolué : il aurait acquis des gènes d’un virus aviaire (N1), donnant naissance à un virus bien plus dangereux (H1N1).

Virus reconstitué de la grippe espagnole à partir d’échantillons de restes humains de 1918, photographie électronique, 2005, Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, Atlanta
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Or, qui dit Première Guerre mondiale, dit mouvements de troupes, populations affaiblies (par les blessures et les privations alimentaires) et absence de quarantaine (eh oui, pas question de faire savoir à l’ennemi que les soldats sont malades).
Résultat, le virus se propage rapidement au reste du globe.

David McLellan, Déplacement de prisonniers à la Bataille d’Amiens, 1918, photographie, Musées Impériaux de la Guerre, Londres
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Finalement, en été 1919, le virus aurait muté à nouveau et aurait perdu de sa dangerosité : l'épidémie s'éteint ainsi peu à peu.
Mais pas sans avoir gagné le titre de pandémie la plus meurtrière de l'histoire.

Infirmières de la Croix Rouge pendant l’épidémie de grippe espagnole aux État-Unis, 1918, Bibliothèque du Congrès, Washington D.C.
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Pour en savoir plus :

Si depuis 1919, la médecine a fait de nombreux progrès, il reste encore beaucoup à faire ! En effet, l’Organisation mondiale de la Santé estime que la grippe provoque 290 000 à 650 000 décès par an dans le monde, encore aujourd’hui.

Pour mieux prendre en charge la grippe, et d’autres maladies infectieuses, la FRM finance la recherche. Un nouvel espoir pour lutter contre ces fléaux.

Tout comprendre sur la grippe espagnole en vidéo !