1975, Kentucky (États-Unis). C’est la panique dans l’hôpital de Hazard : un garçon vient de naître avec la peau entièrement bleue ! Manquerait-il d'oxygène ? Non, étrangement, le petit Benjamin n’a pas de mal à respirer, et semble en excellente santé.

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Déroutés, les médecins lancent une série de tests, mais rien n’y fait, le mystère de sa couleur reste entier. Du moins, jusqu’à l’arrivée de sa grand-mère…

Elle apprend aux médecins que le jeune Benjamin est le dernier descendant des Fugate, une longue lignée de personnes à la peau bleue ! Rien à voir avec les Schtroumpfs, vous allez voir… 

Luna "Blue" Fugate Stacy, l'arrière-grand-mère de Benjamin, photo : findagrave
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150 ans auparavant, le "premier" Fugate, un orphelin français nommé Martin Fugate, s’est installé dans le Kentucky. Là, il a épousé une certaine Elizabeth Smith avec laquelle il a eu sept enfants, dont quatre à la peau couleur ciel.

La famille Fugate au 19^e siècle. Walt Spitzmiller, The Blue People, 21^e siècle, aquarelle sur papier, collection privée
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Il s’avère que ce cher Martin était porteur d’une maladie génétique rare, la méthémoglobinémie. Pour comprendre, il nous faut plonger au cœur des vaisseaux sanguins.

Là circule l'hémoglobine (Hb), la molécule de transport de l’oxygène. Pour fixer le dioxygène (O₂), l’hémoglobine se lie à un atome de fer ferreux (Fe²⁺).

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Mais le sang contient également une autre forme d’hémoglobine, la méthémoglobine. Au lieu de contenir du fer ferreux, elle contient du fer ferrique (Fe³⁺).

Si dans la population générale, la méthémoglobine n’est présente qu’en infime quantité (1 %), chez les personnes atteintes de méthémoglobinémie, comme Martin, son taux est bien plus élevé (environ 15 %).

Le problème, c’est que la méthémoglobine ne fixe pas l’oxygène. Résultat, le sang plus pauvre en oxygène est plus foncé, et apparaît bleu sous les peaux claires.

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Comble de malchance, il se trouve que la femme de Martin possédait, elle aussi, cette maladie qui s’est donc transmise à leur descendance… jusqu’à Benjamin. Improbable, mais vrai !

Fort heureusement, le petit garçon a fini par perdre naturellement sa teinte schtroumpfe en grandissant. Schtroumpfement pour lui !

Enfant de dos, photo : Max Goncharov
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Pour en savoir plus :

Sur les "blue Fugate"

Sur la méthémoglobinémie

Sur l’étonnant remède de la méthémoglobinémie : un colorant bleu

Une autre anecdote Sciencetips sur le sang... vert !

Comparaison entre de l'hémoglobine (à gauche) et de la méthémoglobine (à droite), photo : DeBaun, Vichinsky

Et vous, vous êtes plutôt bleu Schtroumpfs, bleu outremer ou bleu de Prusse ?

Pour continuer à voir la vie en bleu, rendez-vous demain dans Artips, la grande sœur de Sciencetips, pour explorer cette couleur pas comme les autres !

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Johannes Vermeer, La Laitière, vers 1660, huile sur toile, 45 cm x 41 cm, Rijksmuseum, Amsterdam