Aujourd'hui : "T’es bouchonné ou quoi ?"

1996, Pierrelatte (Drôme). Le fabricant de bouchons Augustin Sabaté est bien embêté. L'un de ses clients, producteur de vin, vient de porter plainte contre lui.

La cause ? Les bouchons qu'il lui a vendus auraient détérioré son vin. Et ce n'est pas le premier à se plaindre... Si Augustin ne trouve pas vite une solution, les procès vont s'accumuler, et son entreprise risque de faire faillite !

L'ennemi d’Augustin (et de tous les amateurs de vin), c'est le "goût de bouchon". Il s'agit d'une odeur désagréable, quelque part entre le moisi et la terre humide, qui va totalement gâcher les arômes du vin.

On dit alors qu'il est "bouchonné". Eh oui, c'est pour ça qu'il faut le goûter avant de le servir !

Contrairement à l'idée générale, ce goût n'est pas dû à un défaut du vin mais provient, le plus souvent, des bouchons en liège.

En effet, ces derniers peuvent renfermer une petite molécule, le TCA (pour "2,4,6-trichloro-anisole"), responsable de ce mauvais goût.
Par malheur, il suffit d'une seule molécule de TCA pour gâter complètement une bouteille !

Heureusement pour lui, Augustin Sabaté va faire une heureuse rencontre, celle d'une équipe… de chimistes du CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives).

Ensemble, ils vont mettre au point une technologie innovante : un bouchon de liège garanti sans goût de bouchon.

Comment ? Grâce au "CO₂ supercritique", un état particulier du gaz obtenu sous certaines conditions de pression (73 bars) et de température (31 °C). Le CO₂ a alors un comportement à mi-chemin entre celui d'un liquide et d'un gaz : on dit qu’il est "fluide".

Sous cette forme, il pénètre au cœur du liège, piège, puis emmène avec lui les molécules de TCA indésirables. Un peu comme un gommage de la peau… mais en profondeur !

Et hop, voilà un bouchon tout propre pour conserver les plus grands crus !

Pour en savoir plus :

Aujourd’hui ce sont près de 1,5 milliard de ces bouchons qui sont produits chaque année dans les 3 usines de la société Diam.

Mais il n’y a pas que le vin dans la vie ! Le CO₂ supercritique est un exemple parmi d’autres d’applications de la chimie dans notre quotidien.

Le CEA concentre ainsi ses recherches sur la chimie verte, qui pourrait permettre de fabriquer de nouveaux médicaments pour soigner le cancer, ou encore de produire de l’eau potable pour tous.

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