Aujourd'hui : "C'est irrespirable ici !"

160 av. J.-C, actuelle Turquie. Les habitants d’Hiérapolis se pressent devant le temple du dieu des Enfers, Pluton, pour assister à une étrange cérémonie.

Un prêtre, escorté d’un mouton, franchit en grande pompe une magnifique porte en pierre : la porte des Enfers !
Quelques minutes plus tard, l’animal s’effondre sans raison, inanimé. Le prêtre, quant à lui, ressort indemne sous les acclamations de la foule. Pour les Romains, pas de doute, c’est l’œuvre de Pluton.

2000 ans plus tard, le biologiste Hardy Pfanz a des doutes… Il doit y avoir une cause rationnelle qui explique que le prêtre soit ressorti indemne contrairement au mouton. Mais laquelle ?

Il se trouve que "la porte des Enfers" a été construite au-dessus d’une faille géologique. Et le biologiste soupçonne cette dernière de libérer d’importantes concentrations de gaz toxique : du dioxyde de carbone (CO₂).

Après analyse, il s’avère que la quantité de CO₂ libérée par la faille varie en fonction de deux paramètres : les conditions météorologiques et l’heure.

Dans la journée, la chaleur du soleil et le vent dissipent le CO₂. Résultat, les lieux sont respirables.
En revanche, la nuit et à l’aube, quand le vent tombe, le CO₂ (plus lourd que l’air) s’accumule près du sol de la grotte, jusqu'à atteindre parfois des concentrations mortelles.

Les prêtres, fins connaisseurs, savaient probablement à quel moment ils pouvaient sans risque entrer dans le temple, et à quel moment il valait mieux garder ses distances. Mais pourquoi ressortaient-ils indemnes alors que les animaux, eux, s’écroulaient au sol ?

Tout est une question de taille : l’homme plus grand que l’animal respirait un air moins toxique que le pauvre mouton, qui finissait par perdre connaissance et s’asphyxier. On peut dire que la "porte des Enfers" porte bien son nom…

Pour en savoir plus :

Sur la porte des Enfers

Sur le dioxyde de carbone

Sur Pluton, le dieu des Enfers

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