"On ne perd rien à être poli sauf sa place dans le métro." Tristan Bernard
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Aujourd'hui : "Ils sont givrés..."

Où l'on apprend que les ingénieurs du métro parisien avaient plus d'un tour dans leur sac.

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1909, Paris. Le long de l’étroit bras de la Seine, une foule de curieux se presse attirée par un étonnant spectacle… Le fleuve est entièrement congelé.

Conséquence d’un hiver particulièrement rude ? Pas du tout ! Le phénomène n’a rien de naturel. Mais que se passe-t-il donc ?

Plan et coupe de la double traversée sous-fluviale de la ligne 4 du métro de Paris, France, vers 1900.
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Il s’agit, en réalité, du chantier de construction de la toute nouvelle ligne de métro, la ligne 4, qui doit relier la Porte de Clignancourt (au nord) à la Porte d’Orléans (au sud).

C’est la première fois qu’une ligne traverse la Seine. Les ingénieurs ont donc dû faire face à un problème inédit : creuser sous le fleuve et dans un terrain gorgé d’eau.

Fonçage d'un caisson en 1906. Des caissons étanches munis de pieds et traversés d'une cheminée sont déposés sur le lit de la Seine. L'eau contenue dans l'espace sous le caisson est évacuée par la cheminée au moyen de pompes à eau. Les ouvriers peuvent alors pénétrer par la cheminée sous le caisson et creuser le sol.
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Pour ce faire, ils ont imaginé un procédé innovant. De gigantesques caissons en fer hermétiques, structures du futur tunnel, ont été déposés au fond du fleuve. Ils permettent aux ouvriers de creuser directement dans le lit de la Seine, et ce sans craindre les infiltrations d’eau.

Les caissons sont ainsi enfoncés progressivement sous terre, puis assemblés les uns aux autres grâce à l’intervention de scaphandriers.

Fonçage d'un caisson dans le petit bras de la Seine - Vue vers la place Saint-Michel, 1906, carte postale ancienne
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Néanmoins, une portion de ligne, en bordure du petit bras de la Seine, pose encore problème. À cet endroit, le terrain est bien trop humide pour être creusé… Les ingénieurs, jamais à court d’idées, imaginent alors une solution incroyable : congeler le sol !

Des usines frigorifiques sont donc installées sur les berges du fleuve, et injectent dans le sol une solution (saumure de chlorure de calcium) refroidie à -24°C.

Paris tout entier est sous les eaux, y compris l'entrée du métro Cour de Rome. Agence Rol, Inondations du 31 janvier 1910, photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris
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En 40 jours, le sol et le petit bras de la Seine sont complètement congelés. Le terrain, maintenant dur comme de la glace, n’a plus qu’à être creusé. Malheureusement le sort s’acharne…

Quelques jours seulement après son inauguration, la ligne est fermée. Une crue exceptionnelle de la Seine a provoqué des infiltrations d’eau dans les tunnels. Ne dit-on pas qu’il "faut se méfier de l’eau qui dort" ?

Le métro parisien en 1950 (vidéo Archives INA)

Pour en savoir plus :

Sur le premier passage du métro sous la Seine

Sur la construction du métro parisien (Le passage sous la Seine, page 19)

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Coline et Jean
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