Aujourd'hui : "Un très ancien héritage"

2010. Une étude publiée par un groupe de généticiens dirigé par Svante Pääbo fait grand bruit.
Elle lève le voile sur une question qui taraude les paléontologues depuis des années : l’homme moderne (homo sapiens, c’est-à-dire nous) et l’homme de Néandertal (Homo neanderthalensis) ont-ils été amenés à se rencontrer et surtout à se reproduire ?

Si tel est le cas, il devrait rester des traces de cette rencontre dans l’ADN de l’humain moderne. Pour trouver la réponse, les généticiens décident de comparer notre ADN à celui de Néandertal.

Facile ? Non ! Car séquencer -c’est-à-dire décoder- l’ADN néandertalien, c’est presque mission impossible… Très fragile, l’ADN ancien se dégrade en effet fortement au fil du temps.

Pourtant, Svante Pääbo ne baisse pas les bras. Il met finalement la main sur trois os de néandertalien, provenant de Croatie. Après avoir séquencé 60 % de l’ADN, il le compare à l’ADN de différents hommes modernes actuels (2 Européens, 1 Africain, 1 Asiatique et 1 de Papouasie Nouvelle-Guinée).

Stupéfiant ! Les deux espèces se sont bien mêlées… Les populations d’origine eurasienne ont hérité de 1 à 4 % de l’ADN de Néandertal !

La présence de cet ADN est en revanche beaucoup plus faible, voire inexistante, dans d’autres populations comme celle d’Afrique subsaharienne.

Comment est-ce possible ? En sortant d’Afrique pour coloniser d’autres territoires, l’Homo Sapiens serait passé par le Moyen-Orient, où il aurait croisé l’homme de Néandertal.

Les individus issus de ce métissage seraient devenus les ancêtres de tous les hommes modernes, sauf des Africains qui ne seraient pas sortis d’Afrique. C’est une petite révolution : nous avons en nous un peu de Néandertal !

Reste maintenant à savoir si cet héritage est à notre avantage… Il semblerait que s’il a pu favoriser l’adaptation de nos ancêtres aux nouvelles conditions climatiques et microbes rencontrés sur leur route hors d'Afrique, il pourrait être responsable de plusieurs pathologies, telles que le diabète, ou certaines allergies...

Pour en savoir plus :

En mai 2016, des chercheurs ont découvert dans la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) des vestiges humains vieux de 178 000 ans environ. Ils ont ainsi mis en évidence la plus ancienne preuve d’occupation des grottes par l’Homme !

Pour en savoir plus sur l'homme de Néandertal et l’émergence de l’homme moderne, le CNRS lui consacre un dossier spécial dans sa revue n°2 des Carnets de science, disponible en kiosque, librairie ou point Relais.

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