"Au plus profond des bois pivert et coups de hache" Yosa Buson
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Aujourd'hui : "Cervelle d’oiseau"

Où l’on apprend que taper n’est pas bon pour la santé.

Pic épeiche (Dendrocopos major), 2015, photo : ginger
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2010, Pékin. Tactactactactactactac... Dans les jardins de l’université, un pic épeiche tape avec obstination sur un tronc d’arbre, sous l’œil intrigué de Yubo Fan.

Le chercheur aimerait bien percer quelques-uns des secrets de ce drôle d’oiseau, et notamment sa résistance au choc…

Colonel John Stapp, lors d'une expérience visant à montrer les effets des forces d'accélération et de décélération sur le corps humain, juin 1954. Photos 1 à 3, force = 12 G; 4-6, force = 22 G. Photo : NASM
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Il faut dire que quand il tape, le pic n’y va pas de main morte. Que ce soit pour communiquer ou pour faire sortir les succulents insectes de leur cachette, chaque coup de bec envoie dans son crâne une force de 1000 G (accélération) !

Énorme quand on sait qu’un pilote de chasse subit jusqu’à 12 G, et qu’il suffit de 50 G pour causer des lésions sévères voire mortelles chez un homme.
Mais comment le pic survit-il à un tel choc, et ce 12 000 fois par jour ?

Répartition effective des contraintes subies par la tête du pic lorsqu'il tape. En bleu la contrainte est faible, en rouge la contrainte est forte. Illustration : © 2011 Wang et al.
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Pour le savoir, Yubo Fan et son équipe ont étudié la structure osseuse de l’oiseau et ont filmé ses mouvements grâce à des caméras ultrarapides (2 000 images par seconde). Leurs conclusions ?

La forme de leurs becs permettrait d’atténuer la puissance de l’impact. Elle redirigerait l’onde de choc vers la base du crâne, plus résistante, plutôt que vers le cerveau, trop fragile. De plus, les os de la boite crânienne sont plus mous, ce qui sert également à atténuer les effets du choc. Bref, un crâne de compétition !

Marquage de la protéine tau (en marron) dans le mésencéphale (A et B) et le corps calleux (C) du cerveau du pic Dryocopus lineatus. Accumulation de la protéine tau dans les neurones (D). Photos : © 2018 Farah et al.
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Mais l’histoire ne s’arrête pas là… En 2017, des chercheurs découvrent dans le cerveau des pics épeiches une quantité importante d’une protéine appelée "tau".

Chez l’homme, cette petite protéine joue un rôle dans la structure des neurones. Il arrive cependant que la protéine s’accumule anormalement dans le cerveau.

Illustration de la protéine Tau dans un neurone sain et dans un neurone malade (Alzheimer), 2008. Illustration : Zwarck
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C’est le cas chez les boxeurs ou les rugbymans qui souffrent de traumatismes crâniens fréquents, ainsi que chez les malades d’Alzheimer.

Le pic épeiche pourrait donc être un excellent modèle pour l’étude de ces diverses pathologies. Bien loin de s’en soucier, le petit oiseau, lui, continue de taper à sa guise.

Vidéo (en anglais) sur pourquoi les pics n'ont pas de commotions cérébrales

Pour en savoir plus :

Sur les pics épeiches

Sur la résistance aux chocs

Sur la protéine tau

Sur la maladie d’Alzheimer

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