Aujourd'hui : "Noir c’est noir…"

1965, États-Unis. À l'observatoire du mont Palomar, l’astrophysicienne Vera Rubin se dirige d’un pas énergique vers les toilettes des hommes. Arrivée devant la porte, elle colle sur la petite icône masculine une jupe en papier avant de s’exclamer : "Voilà, maintenant il y a des toilettes pour femmes !"

Eh oui ! Car Vera Rubin est la première femme scientifique à pouvoir utiliser le télescope de l’observatoire.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas toujours facile de faire sa place dans ce monde d’hommes. D’autant plus qu’elle travaille sur un sujet pour le moins original…

En 1930, en observant un groupement de galaxies appelé "amas de Coma", le scientifique Fritz Zwicky avait découvert un étrange phénomène. Les galaxies se déplaçaient beaucoup plus vite que ce que les lois de la physique prévoyaient.

Théoriquement, à cette vitesse, elles ne devraient pas rester liées, mais s’éparpiller !

Fritz Zwicky avait alors émis l’hypothèse que l’Univers baignerait dans une matière mystérieuse et invisible, échappant à la détection, qu’il nomme : matière noire. C’est la présence de cette dernière qui expliquerait, selon lui, l’étonnant mouvement des galaxies.

Cette matière noire ne serait pas de la matière ordinaire, celle qui compose l’Univers observable, comme les planètes et les étoiles, mais autre chose.

Malheureusement pour Zwicky, à l’époque, l’hypothèse n’est pas prise au sérieux… jusqu’à l’arrivée de Vera Rubin. Avec son collègue Kent Ford, elle découvre que cette "anomalie des masses" s’applique aussi aux étoiles au sein d’une galaxie. Ces dernières tournent également beaucoup plus vite qu’elles ne le devraient.
Vera Rubin passe alors des années les yeux vissés à son télescope à collecter des données sur une dizaine de galaxies. Ses résultats vont consolider l’hypothèse de l’existence de la matière noire.

Depuis, le mystère reste intact, personne n’étant encore parvenu à observer directement la matière noire, ni à déterminer ce qui la compose.

Quant à Vera Rubin, malgré ses remarquables travaux et bien que pressentie au Prix Nobel, elle ne sera jamais récompensée. Décédée en 2016, elle laisse à ses confrères en tout point… matière à réflexion.

Pour en savoir plus :

Bel exemple de femme scientifique en ce jour du 8 mars ! Astrophysicienne du XXe siècle, Vera Rubin fait malheureusement partie de cette galaxie de femmes scientifiques encore trop peu connues du grand public.

Tout aussi fascinante que Vera Rubin, la matière noire continue d’interroger : qu'est-elle ? Comment l’a-t-on découverte ? Éléments de réponse dans la bande dessinée "Balade en matière noire" et les Savanturiers.

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