Aujourd'hui : "Lutte Infernale"

Le rouge sang domine dans ce tableau de William Bouguereau. Deux hommes à la musculature exacerbée se battent… Ou plutôt s’entre-dévorent en plein milieu des Enfers. Deux observateurs, Dante Alighieri et Virgile, affichent dégoût et réprobation face à ce spectacle... Mais pourquoi cette effervescence d’horreur ?

Des sentiments contradictoires agitent le peintre. Celui-ci s’est vu refuser à deux reprises le Prix de Rome, concours consacrant les meilleurs artistes. Un échec d’autant plus humiliant qu’il s’était appliqué à soumettre des peintures de style académique, le style attendu par le jury.

Pour Bouguereau, le combat entre Schicchi et Capocchio, ces deux âmes damnées extraites de la Divine Comédie (classique italien du tout début du XIVème siècle) est un prétexte qui tombe à pic pour exprimer sa déception.
Bouguereau se sert alors de ces deux lutteurs pour pousser l’esthétique académique à la limite de l’ironie, dans une vision infernale, loin de ses précédentes représentations féminines idylliques.
Une belle vengeance stylistique !

Mais cette représentation typique du romantisme noir exprime bien plus qu’un échec mal digéré... Cette première moitié du XIXème siècle fut le théâtre des guerres napoléoniennes, ponctuées de troubles politiques. L’artiste s’identifie alors à Dante, le poète écœuré face à la barbarie humaine. C’est le recul et le dégoût de l’esprit humain pour la violence et la bestialité.

Bouguereau trouve ainsi dans ce riche sujet le moyen de purger ce dégoût, tout en livrant une puissante revanche artistique !

Pour en savoir plus :

Sur l’artiste

Sur l’art officiel, l’art "pompier"

Un article sur cette œuvre



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