1971. L’artiste africaine-américaine Elizabeth Catlett a de quoi se réjouir ! Pour la première fois, un musée new-yorkais organise une grande exposition de son œuvre, et elle est invitée au vernissage.

Mais la sculptrice et graveuse, qui vit au Mexique, a un souci : les autorités américaines refusent de lui accorder un visa pour traverser la frontière…

Fern Logan, Portrait d'Elizabeth Catlett, 1986, photographie, photo : © Fern Logan
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La raison ? Elizabeth Catlett est officiellement "indésirable" : depuis qu’elle s’est installée au Mexique, elle aurait de mauvaises fréquentations.

En effet, elle travaille dans un atelier qui promeut l’art accessible au plus grand nombre. Et celui-ci accueille en son sein de nombreux communistes, les ennemis jurés du gouvernement américain. N’aurait-elle pas adhéré à leurs idées ?

Elizabeth Catlett, Peones Mexicanos (Ouvriers agricoles mexicains), 1953, gravure sur linoléum, 18,4 x 13,3 cm, collection particulière © ADAGP, Paris, 2021
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Ses œuvres ne plaident pas en sa faveur… Catlett produit notamment des gravures sur linoléum facilement diffusables. Elle y montre des personnages historiques noirs, tout comme des figures de militants antiracistes, peu appréciés des autorités, comme Malcolm X.

L'artiste s'attache aussi à rendre hommage aux femmes africaines-américaines anonymes. Elle veut célébrer leur courage !

Elizabeth Catlett, The Black Woman Sojourner Truth Fought for the Rights of Women and Blacks (Sojourner Truth a lutté pour les droits des femmes et des personnes noires), 1947, gravure sur linoléum, 22,5 x 15 cm, Hammer Museum, Los Angeles © ADAGP, Paris, 2021
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Ainsi, dans l'une de ses œuvres, une travailleuse agricole pauvre est représentée sans mépris, digne d'admiration.

Ces engagements antiracistes et en faveur des classes populaires la rendent suspecte. La voilà empêchée de retourner aux États-Unis ! La mort dans l’âme, Catlett est même contrainte de renoncer à sa nationalité américaine pour adopter la mexicaine.

Elizabeth Catlett, Sharecropper (Métayère), 1952, gravure sur linoléum, 47,8 x 43 cm, The Museum of Modern Art, New York © ADAGP, Paris, 2021
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Heureusement, ses collègues se mobilisent pour lui permettre d'aller à son exposition. Devant l'ampleur du mouvement, les autorités cèdent et accordent un visa spécial à l'artiste… à condition qu’elle ne tarde pas trop à retourner au Mexique !

Cette injustice sera réparée des années plus tard : Catlett ne retrouvera sa nationalité qu'en 2002.

Elizabeth Catlett, Terra-Cotta Head (Tête en terre cuite), 1960, terre cuite, 21 x 23,5 x 27,9 cm, Detroit Institute of Arts, Détroit, États-Unis © ADAGP, Paris, 2021
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Pour en savoir plus :

Sur Elizabeth Catlett

Pour découvrir les œuvres d’Elizabeth Catlett (en anglais)

Pour comprendre la technique de la gravure sur linoléum

Sur l’art africain-américain de l’époque

Elizabeth Catlett, Singing Their Songs (Chantant leurs chansons), 1992, lithographie sur papier, 57,8 x 48,9 cm, Museum of Women in the Arts, Washington D.C. © ADAGP, Paris, 2021
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