"Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau."

Jean Cocteau

Bonjour,
Aujourd'hui : "Un locataire envahissant"
Où l’on fait la rencontre d’un tatoueur obstiné.

 

1949. Le poète Jean Cocteau est en plein tournage du film Les Enfants terribles, dont il a écrit le scénario. C’est là qu’il rencontre la productrice, la richissime Francine Weisweiller.

C’est un véritable coup de foudre amical ! Elle l’apprécie tant qu’elle l’invite à passer quelques jours dans sa magnifique demeure de Saint-Jean-Cap-Ferrat : la villa Santo Sospir.

Jean Cocteau, 1923, photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris, photo : Agence de presse Meurisse
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Cocteau, à peine arrivé, fait comme chez lui. Il s’empare d’un fusain et dessine un Apollon juste au-dessus de la cheminée du salon ! Son hôtesse va-t-elle le mettre à la porte sans autre forme de procès ?

Le salon de la villa Santo Sospir avec, au-dessus de la cheminée, Le Mythe du Soleil ou Tête d'Apollon, dessin de Jean Cocteau, vers 1950, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : Lapady © ADAGP, Paris, 2021
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Pas du tout : le poète a heureusement demandé l’autorisation. Francine Weisweiller, ravie, a bien entendu accepté d’avoir sur son mur une œuvre de Cocteau. Elle est si satisfaite du passage de son invité qu’elle le convie à nouveau quelque temps plus tard. Et il recommence à dessiner sur ses murs…

La Chambre des Sages, ou Chambre des Boucs, dessin de Jean Cocteau, vers 1950, Villa Santo Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : Lapady © ADAGP, Paris, 2021
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Tant et si bien qu’au bout d’une dizaine d’années de séjours prolongés à la villa, Cocteau a décoré toutes les surfaces, les portes, et même l’intérieur des placards. Tout est recouvert de son trait épuré et sinueux, sa marque de fabrique.

Portes d'armoire tatouées par Jean Cocteau dans la chambre de L'initiation des Bacchantes, vers 1950, Villa Santo Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : villasantosospir © ADAGP, Paris, 2021
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Selon lui, son travail se résume d’ailleurs à des "lignes insignifiantes qui deviennent signifiantes". Quant aux thèmes, ils sont généralement liés à la mythologie grecque, dont il est passionné.

Un Minotaure, dessin par Jean Cocteau, vers 1950, Villa Santo Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : villasantosospir © ADAGP, Paris, 2021
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Comme si cela ne suffisait pas, en plus de tous ces dessins, Cocteau ajoute des mosaïques colorées et des tapisseries de son cru. Tout cela fait que la villa Santo Sospir est littéralement recouverte d’œuvres du poète.

Ce dernier décide de lui trouver un surnom : comme la "peau" de la bâtisse est décorée par ses soins, c’est tout naturellement que lui vient "la villa tatouée" !

Mosaïque à l'entrée de la villa, réalisée par Jean Cocteau, vers 1953, Villa Santo Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : villasantosospir © ADAGP, Paris, 2021
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La salle à manger Judith et Holopherne, tapisserie réalisée par Jean Cocteau, vers 1950, Villa Santo Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat, photo : villasantosospir © ADAGP, Paris, 2021
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" Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau. "

- Jean Cocteau -

Racontée par James Meunier

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