"Il faut jouer pour devenir sérieux."
- Aristote -

Bonjour,
Aujourd'hui : "Pique, cœur, carreau, trèfle..."
Où l'on fait des paiements en cartons.

 

Hiver 1685, en Nouvelle-France, (colonie française en Amérique du Nord). L'intendant Jacques de Meulles, représentant du Roi de France, est bien embêté : la colonie qu'il dirige manque cruellement de monnaie, mais il n'a pas le droit de la fabriquer…

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Nicolas de Fer, Carte de la Nouvelle-France, 1719
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Pourtant, les colons ont besoin d'outils ou de peaux de bêtes : ils aimeraient bien en acheter. Et ceux qui fabriquent les outils ou chassent les bêtes souhaiteraient tirer des revenus de leur travail…

Certes, on peut faire du troc, mais il faut aussi que l'intendant puisse payer les salaires des fonctionnaires et des soldats en espèces sonnantes et trébuchantes !

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Canadien en raquette allant en guerre sur la neige, illustration d'un soldat pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), 1722, extraite de Claude-Charles Bacqueville, La Potherie, l'Histoire de l'Amérique septentrionale, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa
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Alors, comment faire quand les "moyens de paiement" viennent à manquer ? Eh bien la monnaie, cela peut s'improviser ! Pour cela, il faut choisir un objet qui ne peut pas être trop facilement falsifié.

Ensuite, pour qu'il devienne une monnaie, sa valeur doit être reconnue par tous ceux qui vont l'utiliser. C'est comme cela qu'un coquillage ou un paquet de cigarette a déjà pu servir, à certaines époques, "d'intermédiaire des échanges".

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Des coquillages cauris ou porcelaine-monnaie, utilisés au cours des âges comme monnaie de commodité, photo : DR
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En Nouvelle-France, pour meubler leurs longues soirées d'hiver, colons et soldats possèdent beaucoup de… cartes à jouer.

Pour l'intendant Jacques de Meulles, voilà une monnaie toute trouvée ! Il lui suffit de décider de la valeur des différentes cartes, de les signer, pour indiquer que l'État les reconnaît, et d'obliger par la loi les commerçants à les accepter.

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Cartes à jouer françaises, XVIIIe siècle, estampe, 29 x 38 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Résultat : pendant quelques temps, as de pique et autres reines de cœur deviennent des sortes de billets de banque.

Et quand les pièces de monnaie classiques, frappées en France, arrivent enfin par bateau, les colons n'ont plus qu'à les échanger contre leurs cartes à jouer. Bonne pioche !

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Carte à jouer ayant valeur de monnaie, 1714, copie attribuée à Henri Beau, Collection nationale de monnaie, Musée de la Banque du Canada, Ottawa
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Les cigarettes ont aussi pu être utilisées comme monnaie, Friedrich Gehrmann, Stalingrad, soldat allemand fumant une cigarette, 1942, photographie, German Federal Archives, Koblenz
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" Il faut jouer pour devenir sérieux. "

- Aristote -

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