22 avril 1857, en gare de Toulouse. Sous les vivats de la foule, deux trains arrivent en même temps, de deux directions opposées.
Tandis que la musique d'une fanfare retentit, un homme descend du premier train et se jette dans les bras d'un autre homme, descendu de l'autre train.
De belles retrouvailles après une longue absence ?

E.J Lassalle, Gare Toulouse Matabiau, vers 1857,
photo : VoieMidi/Twitter
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En fait, les deux hommes sont les frères Pereire. Cinq ans plus tôt, ils ont fondé le Crédit Mobilier, une banque d'un genre particulier...

À l'époque, on est en pleine révolution industrielle. Industries, mines de charbon, chemins de fer : la France et l'Europe se développent à vitesse grand V.

À gauche : Atelier Nadar, Portrait d'Émile Pereire, vers 1860-1890, tirage sur papier albuminé, 8 x 5 cm, Musée Carnavalet, Paris
À droite : Atelier Nadar, Portrait d'Isaac Pereire, vers 1860-1890, tirage sur papier albuminé, 7 x 5 cm, Musée Carnavalet, Paris
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L'économie a besoin d'argent frais (de "capitaux"). Mais seules de grandes banques haut-de-gamme, détenues par des familles comme les Rothschild ou les Perrier, ont les épaules assez larges pour apporter les financements nécessaires.

Les frères Pereire, eux, ont une autre vision de la banque… Ils pensent que, grâce à elle, la société toute entière peut participer à la modernisation au service du progrès social.

William Armfield Hobday, Portrait de la famille Rothschild, 1821, huile sur toile, collection privée, Londres
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Leur solution ? Collecter l'épargne des Français pour financer les grands chantiers.

Le Crédit mobilier est donc d'abord une "banque de dépôt" : les gens lui confient de l'argent contre versement d'une rémunération, les intérêts.

Mais c'est aussi une "banque d'affaires", qui investit dans de grands projets : elle prend part au capital en achetant des actions (titres de propriété) de la société qui fait le projet.

Illustration Économitips
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C'est comme cela que les frères Pereire ont financé la ligne de chemin de fer Sète-Bordeaux, dont le chantier se termine pile au milieu, à Toulouse.

Le jour de l'inauguration, les deux frangins, qui ont embarqué chacun à un bout de la ligne, s'y retrouvent donc en grande pompe ! Leur banque financera ainsi de nombreux grands travaux.

Gustave Le Gray, Inauguration du chemin de fer du Midi de Bordeaux à Sète, 1857, photographie, 28 x 36 cm, Archives municipales de Toulouse, Toulouse
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Mais il y a un hic : elle reverse trop d'intérêts, trop rapidement (ce sont des dépenses "à court terme"), aux particuliers qui lui ont confié leur épargne. Or les projets financés coûtent cher, et ne rapportent pas d'argent tout de suite (ce sont des recettes "à long terme").

Ainsi le Crédit mobilier doit redonner de l'argent avant de percevoir les gains de ses investissements ! Résultat : en 1867, la banque fait faillite.
Le monde financier retiendra la leçon : il faut séparer les activités entre dépôts et investissements … pour éviter de dérailler.

Illustration Économitips
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Pour en savoir plus :

Récemment, des règles européennes, et une loi française de 2013, ont réaffirmé l'obligation pour les banques de séparer leurs activités de dépôt et d'investissement.

Car aujourd’hui, les "banques universelles" comme le Crédit Mutuel, font bien plus que de l'épargne et des crédits. Elles investissent sur leur territoire, elles accompagnent les projets immobiliers des particuliers, ou proposent des assurances… L'important c'est de veiller à bien séparer les différentes activités !

EuraTechnologies, un incubateur et accélérateur de start-up à Lille, dans lequel a investi le Crédit Mutuel, 2018, photo : Stefan83~frwiki