1778, à Glasgow, en Écosse. Ses amis n’en reviennent pas. Adam Smith, célèbre professeur de philosophie, pourrait prétendre à n’importe quel poste universitaire prestigieux.

Mais il préfère devenir douanier ! Quelle mouche le pique ?

Artiste inconnu, Portrait d'Adam Smith, XIXe siècle, pastel sur papier, 77 x 64 cm, Galerie nationale d'Écosse, Édimbourg, photo : DR
Voir en grand

Deux ans plus tôt, Adam Smith a publié La richesse des nations, ouvrage majeur dans lequel il expose toutes les théories qui font de lui le fondateur de l’économie libérale moderne.

Dans ce livre, il écrit notamment que toutes les nations devraient faire du commerce librement entre elles, sans droits de douane, sans frontières. Une révolution pour l’époque !

Pour affirmer cela, il se base sur la notion d’"avantage absolu" : chaque pays a intérêt à exporter les biens qu’il sait produire à un coût moindre que ses voisins.

John Kay, Adam Smith, l'auteur de "La richesse des nations", 1790, gravure, Bibliothèque du Congrès, Washington D.C.
Voir en grand

Par exemple si la France produit du blé moins cher que l’Angleterre, et si l’Angleterre produit de la houille (charbon) moins cher que la France, la France a intérêt à acheter sa houille à l’Angleterre, et l’Angleterre à acheter son blé à la France.

C’est très théorique, car en réalité aucun pays ne vend un seul produit à un seul autre pays. Mais c’est la première fois qu’un penseur théorise un tel système de "libre-échange".

Illustration Économitips
Voir en grand

Le succès du livre est si grand que le gouvernement britannique veut remercier Adam Smith. Il lui propose un poste universitaire à la hauteur de son talent.

Mais Smith refuse et demande un poste de contrôleur des douanes, fonction qu’il occupera toute sa vie avec zèle. Un comble pour le théoricien du libre-échange !

William Simpson, Croisement de Stockwell Street et de Great Clyde Street (avec l'ancien bureau des douanes), vers 1893-1898, aquarelle, Musée de Glasgow, Glasgow, photo : DR
Voir en grand

En fait, Adam Smith pensait que le commerce international libre qu’il avait imaginé allait rester une utopie. Pour lui, des douanes efficaces seraient donc toujours indispensables à la bonne gestion du pays.

Mais surtout, il voulait ainsi rendre hommage à son père douanier, qu’il n’avait jamais connu et qui s’appelait aussi Adam Smith !

Nicolas Bernard, L’intérieur d’une douane, vers 1770-1775, huile sur toile, 98 x 164 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Détail de l'œuvre
Voir en grand

Pour en savoir plus :

Sur Adam Smith

Sur Adam Smith et son père

Sur la théorie des avantages absolus

Portrait d'Adam Smith, XIXe siècle, gravure, Bibliothèque de l'Université d'Harvard, Cambridge
Voir en grand