546 avant J.-C., en Lydie (Turquie actuelle). Le roi Crésus a besoin d'argent pour lever une armée, et faire des offrandes aux dieux avant d'aller faire la guerre aux Perses.

Mais son royaume en Lydie n'étant pas très grand, il ne peut pas trop compter sur les impôts prélevés sur l'agriculture. Il faut trouver un autre moyen…

Claude Vignon, Crésus recevant le tribut d'un paysan lydien, 1629, huile sur toile, 105 x 149 cm, Musée des Beaux-Arts de Tours, photo : Musée des Beaux-Arts de Tours
Voir en grand

Dans la région, on adore faire une chose : du commerce. Pour cela les marchands lydiens et leurs voisins utilisent les premières monnaies connues.

Ce sont des petits jetons en électrum, un alliage naturel d'or et d'argent, que l'on pèse à chaque échange pour estimer leur valeur.

Des pièces de monnaie antiques, vers 500 avant J.-C., photo : DR

Crésus a alors une idée : pour remplir ses caisses, il va "taxer" le commerce. Pour cela, il commence par puiser de l'or. On en trouve en abondance dans le fleuve du coin, qui s'appelle… le Pactole.

Avec tout cet or, mélangé à de l'argent, il fabrique sa propre monnaie en électrum "artificiel".

Le fleuve Pactole, Turquie, 2014, photo : Spiridon Ion Cepleanu

Et dessus, il fait graver une tête de lion, son symbole. Et ça, ça change tout.

D'abord, cela veut dire que le roi est le seul en Lydie à avoir le droit de frapper de la monnaie… d'ailleurs ce sera la seule autorisée sur le territoire.

Mais surtout, cela veut dire que le roi garantit à tous que ses pièces en électrum contiennent un minimum d'or : plus besoin de les peser !

Une créséide, monnaie de Crésus, vers 561-546 avant J.-C., photo : Bibliothèque Nationale de France
Voir en grand

Et c'est là que Crésus fait fort : il garantit que ses pièces "faites maison" contiennent, comme l'alliage naturel, au moins 70 % d'or. Or, elles n'en contiennent que 55 %.

Résultat des courses : pour utiliser la monnaie obligatoire du roi, les marchands doivent changer plus d'or qu'elle n'en contient réellement. Crésus fait ainsi un beau petit bénéfice de 15 %, ce qui lui permet de lever des troupes et de faire des offrandes.

Il perd quand même la guerre, mais il aura vécu riche comme lui-même !

lllustration Économitips
Voir en grand

Pour en savoir plus :

Sur les rois lydiens et la monnaie

Sur les monnaies dans l'Antiquité

Sur la création monétaire

Crésus, détail d'une face d'une amphore attique à figures rouges, vers 500-490 avant. J.-C., Musée du Louvre, Paris, photo : Marco Prins
Voir en grand