2019, Allemagne. Un groupe d’archéologues est en plein chantier de fouilles d’un cimetière médiéval. Leur but ? Étudier les squelettes, et surtout leurs dents, pour reconstituer leur alimentation. Mais l’un des défunts va leur poser problème…

Le cimetière de Dalheim, Allemagne, photo : © Christina Warinner
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Le squelette en question, c'est le "B78". Il s'agit des restes d’une femme morte il y a presque mille ans. Ce qui étonne les fouilleurs, c’est qu’on retrouve une matière bleue dans le tartre de ses dents. Vu la couleur, ce n’est clairement pas de la nourriture !

Les dents du squelette B78, vers 1160, photo : © Christina Warinner
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Christina Warinner, à la tête de l’équipe d’archéologues, n’a jamais vu ça. Ni une ni deux, elle envoie un fragment à des chimistes. Et le résultat la fait tomber des nues : il s’agit de particules de lapis-lazuli, une pierre venue d’Afghanistan ! Comment se sont-elles retrouvées là ?

Au Moyen Âge, ce lapis-lazuli est broyé pour servir de pigment. Avec son bleu profond, il vient colorer les enluminures, réalisées par des peintres souvent anonymes et ornant les manuscrits.

Lapis-lazuli, photo : James St. John
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En l'occurrence, s'il s'est incrusté dans le tartre de B78, c’est qu’elle était elle-même artiste. Elle avait pris l'habitude d’humecter son pinceau, pour l’affiner.

Cette découverte est une petite révolution. Certes, des images de l'époque montrent des "enlumineuses" ou "enlumineresses" au travail. Mais c’est la première fois qu’on retrouve une trace matérielle de leur existence. L’art médiéval n’était pas qu'une affaire d’hommes !

Une femme en train de peindre, détail d'une enluminure extraite de De Mulieribus Claris de Giovanni Boccaccio, vers 1403, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Et cette B78, sans doute une religieuse, n’était pas n’importe qui. Le lapis-lazuli était plus cher que l'or : on s'en servait pour des thèmes importants… et on ne le confiait qu’à des dessinateurs réputés.

À son époque, B78 devait donc avoir sa petite célébrité ! Mais elle garde, aujourd’hui, le mystère de son identité.

Autoportrait de l'enlumineuse Guda dans l’Homéliaire dit de Saint-Barthélemy, vers 1250-1300, détail d'une lettrine D, enluminure sur parchemin, Bibliothèque universitaire Johann Christian Senckenberg, Francfort-sur-le-Main
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Pour en savoir plus :

Sur cette découverte exceptionnelle

Pour lire le rapport de Christina Warinner (en anglais)

Sur l’art de l’enluminure

Pour découvrir des enluminures médiévales étonnantes

Roue de la Fortune, détail d'une enluminure extraite de De casibus virorum illustrium de Giovanni Boccaccio, vers 1410, Bibliothèque de Genève
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