2006, Sahara. L’anthropologue Emmanuelle Honoré visite Wadi Sūra II, un abri rocheux situé en plein désert. Elle est émerveillée par cette paroi peinte il y a 8 000 ans, connue pour ses empreintes de mains d’enfants. Mais la chercheuse est perplexe en découvrant ces motifs : quelque chose cloche...

Vue générale de Wadi Sūra II, 2014, sud-ouest de l'Égypte, photo : Miroslav Bárta
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Pourtant, ce site, étudié depuis plusieurs années, est déjà bien connu des chercheurs. On y a compté des milliers de dessins. Les humains de la Préhistoire se sont représentés en train de danser et de chasser au milieu des gazelles et des girafes qui habitaient une région alors verdoyante. Apparaissent aussi d’étranges bêtes sans tête.

Humains de la Préhistoire dansant au milieu des animaux, 5 000 avant J.C., Wadi Sūra II, photo : Clemens Schmillen
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Emmanuelle Honoré, elle, se passionne pour les empreintes. A priori, rien d’étonnant à cela dans l’art préhistorique : les humains se sont servis de leurs mains comme de pochoirs avant de pulvériser des pigments en soufflant tout autour.

À plusieurs reprises, dans leurs paumes, on retrouve des traces de mains plus petites. Pour les chercheurs, pas de doute : il s’agit de celles de bébés. C’est justement ce qui intrigue Emmanuelle Honoré. Les doigts paraissent trop longs pour être ceux d’enfants.

Empreintes de mains, 5 000 avant J.C., Wadi Sūra II, photo : National Geographic
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Pour en avoir le cœur net, direction une maternité française ! La chercheuse récolte des empreintes de nouveau-nés. La comparaison est sans appel : les petites mains de Wadi Sūra II ne sont pas humaines. À qui peuvent-elles appartenir ?

Emmanuelle Honoré devant une empreinte de main à Wadi Sūra II, 2006, photo : Serge Sibert

C’est un collègue du Muséum d’Histoire naturelle qui souffle une idée à Emmanuelle Honoré. Pourquoi ne pas regarder du côté des animaux ?

Après étude approfondie, la chercheuse lui donne raison : ces mystérieuses mains sont en fait des pattes de reptiles, comme un varan ou un bébé crocodile.

Varan du Nil, 2019, photo : Amadou Bahleman Farid
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Les chercheurs sont abasourdis : les traces de bêtes dans ce type de décor sont rarissimes ! Et elles font naître de nouvelles questions : ces reptiles avaient-ils une symbolique particulière pour les humains qui ont vécu là ? Étaient-ils des animaux protecteurs ? Emmanuelle Honoré continue ses recherches, alors affaire à suivre...

À gauche : Empreintes de mains, 5 000 avant J.C., Wadi Sūra II, photo : Emmanuelle Honoré / À droite : Patte de crocodile, 2013, ferme aux crocodiles, Drôme, photo : GautierPoupeau
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Pour en savoir plus :

Des pattes de reptiles en plein Sahara, des temples plus vieux que l’invention de l’agriculture, les plus anciens kangourous australiens... La philologue Silvia Ferrara nous entraîne dans un véritable tour du monde de la Préhistoire !

Dans son livre, Avant l’écriture, elle décrypte les signes laissés par les premiers humains. Et elle se demande comment s’est passé le "saut" vers l’abstrait. Comment l’humanité est-elle devenue capable de reproduire et de façonner le réel ?

Un livre passionnant et accessible, rempli d’anecdotes croustillantes, à mettre sur toutes les tables de chevet ! Pour feuilleter les premières pages, c’est par ici.

Découvrir Avant l'écriture de Silvia Ferrara aux Éditions du Seuil