Florence, années 1820. Dans son atelier, le peintre français Ingres fulmine. Il a besoin d’un modèle pour son tableau.

Mais son ami Constantin refuse obstinément de lui rendre service en prenant la pose. Pourquoi tant de réticence ?

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Autoportrait, 1822, crayon sur papier, 20 x 16 cm, National Gallery of Art, Washington D.C.
Voir en grand

C’est d’autant plus contrariant que la toile est importante. C’est une commande du ministère de l’Intérieur français, qui illustre le Vœu de Louis XIII. Il s’agit d’un épisode historique, au cours duquel le roi a placé la France sous la protection de la Vierge Marie.

Pour Ingres, ce tableau représente un enjeu considérable : il doit marquer son retour en France, après vingt ans passés en Italie.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Le Vœu de Louis XIII, 1824, huile sur toile, 424 x 236 cm, Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban, Montauban
Voir en grand

Pourquoi Constantin se fait-il prier, alors ? Parce qu’Ingres lui demande de poser pour la figure de la Vierge. Et que, très attaché à la justesse anatomique des postures, il souhaite que son modèle soit nu pour les premiers dessins préparatoires.

En plus, le peintre a tendance à reprendre ses esquisses pendant de longues heures...

Octavie Morr, Portrait d'Abraham Constantin, vers 1800, gravure sur cuivre, Musée Stendhal, Grenoble
Voir en grand

Pas étonnant que Constantin soit si peu enthousiaste ! Impossible de le faire changer d’avis.
Ingres ne se décourage pas pour autant et finit par trouver une solution : il suffit d’échanger leurs rôles.

C’est donc lui-même qui prend la pose perché sur un escabeau, entièrement nu, avec un chapeau en lieu et place de l’Enfant Jésus.

Abraham Constantin, Jean-Auguste-Dominique Ingres posant pour la figure de la Vierge dans le Vœu de Louis XIII, vers 1820, esquisse
Voir en grand

Pendant ce temps, Constantin exécute quelques croquis de son ami.

Ingres a de quoi être satisfait : quelques années plus tard, son tableau fait un triomphe à Paris… où personne ne se doute de l’identité du modèle de la Vierge !

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Le Vœu de Louis XIII, 1824, huile sur toile, 424 x 236 cm, Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Montauban, Montauban. Détail de l'œuvre

Pour en savoir plus :

Sur le tableau

Sur Ingres

Sur le Vœu de Louis XIII en 1638

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Autoportrait à l'âge de 24 ans, 1804, huile sur toile, 77 x 61 cm, Musée Condé, Chantilly
Voir en grand