Avril 1682, Paris. Le roi Louis XIV fait un petit tour à l’Hôtel des Invalides. Après tout, le souverain y est comme chez lui ! C’est lui qui fait construire cet édifice pour accueillir les soldats blessés durant ses guerres. Depuis, l’institution s’est bien développée : entre les espaces consacrés aux soins, on trouve notamment des ateliers où travaillent les pensionnaires. Et l’un d’entre eux va épater son royal visiteur...

Pierre-Denis Martin, Visite de Louis XIV à l'église de l'Hôtel des Invalides, vers 1706, huile sur toile, 110 x 160 cm, Musée Carnavalet, Paris
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Pourtant, à l’origine, les ateliers ont juste été créés pour occuper les anciens soldats. Chaussures, tapisseries, allumettes… Cette production diversifiée, ensuite vendue au public, permet aux vétérans de gagner un peu d’argent.

Atelier de l'Hôtel des Invalides, Chaussures de soldats, 18^e siècle, Musée de l'Armée, Paris, photo : © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël
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Et justement, Louis XIV a un coup de cœur pour l’atelier d’enluminure, cet art qui consiste à décorer des manuscrits avec des dessins peints. Ce qui fascine le souverain, c’est la qualité du travail de ces anciens soldats, non professionnels et parfois gravement invalides.

Le visiteur s’attarde ainsi sur un Graduel et antiphonaire, un ouvrage compilant les chants des fêtes religieuses. Au format imposant (plus de 80 centimètres de hauteur !), le livre s’étend sur presque 300 pages richement illustrées.

Atelier de l'Hôtel des Invalides, Graduel et antiphonaire, 1682, parchemin, peinture sur papier, feuille d'or, gouache, 74,5 x 54 cm, Musée de l'Armée, Paris, photo : © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN Grand Palais
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Parfois, il s’agit d’une petite lettrine, bordée de motifs floraux et rehaussée d’or. À d’autres endroits, le dessin s’étend sur toute la page. La nature a la part belle entre les papillons, les paons à la queue chatoyante et les fleurs éclatantes.

Détails de l'œuvre
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On y voit l’influence des peintres flamands, avec leur attention au détail. Ceux-ci seraient-ils venus aux Invalides pour conseiller les enlumineurs ?

L’objet séduit tellement Louis XIV qu’il décide de passer commande ! L’atelier des Invalides produira plusieurs manuscrits pour la chapelle de Versailles. Comme quoi, les soldats auront réussi à éblouir le Roi-Soleil…

Atelier de l'Hôtel des Invalides, Graduel et antiphonaire, 1682, parchemin, peinture sur papier, feuille d'or, gouache, 74,5 x 54 cm, Musée de l'Armée, Paris, photos : © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN Grand Palais
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Pour en savoir plus :

Les enlumineurs ont aujourd’hui fermé boutique, mais il existe toujours des ateliers aux Invalides... On y travaille désormais le tissu, le cuir et le métal pour restaurer et chouchouter les collections du musée de l'Armée.

Pour les Journées Européennes du Patrimoine des 17 et 18 septembre, le Musée ouvre exceptionnellement les portes de ses ateliers et propose un riche programme d’activités gratuites. Il sera d’ailleurs possible de se laisser éblouir par le fameux Graduel et antiphonaire au sein de l’exposition Toute une histoire ! Les collections du musée de l’Armée.

Découvrir le programme du musée de l'Armée pour les Journées Européennes du Patrimoine

Impossible pour vous de venir ? Direction les parcours en ligne concoctés par le musée de l’Armée et Artips, pour plonger dans l'histoire des Invalides, de Napoléon, ou encore de l’uniforme !

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