Italie, milieu du 16^e siècle. Giorgio Vasari, architecte et peintre, s’essaie à l’écriture. Quelle bonne idée ! Son livre, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, devient une référence en histoire de l’art. Il y célèbre les plus grands artistes de la Renaissance.
Mais son admiration n’empêche pas Vasari de leur jouer de drôles de tours…

Giorgio Vasari, Autoportrait, 16^e siècle, huile sur toile, 101 × 80 cm, Galerie des Offices, Florence
Voir en grand

Dans son ouvrage, Vasari fait l’éloge de Masaccio, artiste italien du 15e siècle. Sa fresque La Trinité, peinte dans une église florentine, y est abondamment décrite.

C’est une des premières peintures qui utilise la perspective géométrique, une technique qui permet de suggérer la profondeur sur une œuvre en deux dimensions. Pour Vasari, le trompe-l’œil est à couper le souffle : "On dirait que la voûte s’enfonce dans le mur" !

Pourtant, cette fresque qui semble si remarquable a disparu pendant des siècles. C’est seulement en 1861 qu’on la retrouve par hasard… Où était passée La Trinité ?

Tommaso di Giovanni Cassai dit Masaccio, La Trinité, vers 1425-1428, fresque, 667 × 317 cm, Basilique Santa Maria Novella, Florence
Voir en grand

Pas d’inquiétude ! Pendant tout ce temps, la fresque n’a pas bougé. Elle était simplement cachée derrière une autre peinture, La Vierge au Rosaire. Et l’auteur de cette œuvre n’est autre que Vasari !

En effet, deux ans après avoir vanté Masaccio dans son livre, Vasari supervise la restauration de la chapelle abritant La Trinité.

À la demande de la commanditaire, il place devant la partie basse de la fresque un autel en pierre, et peint un grand tableau qu’il accroche par-dessus la fresque de Masaccio. La Trinité est ainsi éclipsée pendant trois siècles entiers…

Giorgio Vasari, La Vierge au Rosaire, 1569, huile sur toile, Basilique Santa Maria Novella, Florence
Voir en grand

Paradoxalement, c’est sans doute aussi ce qui l’a protégée ! Et qui nous permet, encore aujourd’hui, d’admirer cette œuvre considérée comme l’une des plus importantes de la Renaissance italienne.

Tommaso di Giovanni Cassai dit Masaccio, La Trinité, vers 1425-1428, fresque, 667 × 317 cm, Basilique Santa Maria Novella, Florence. Détail de l'œuvre

Pour en savoir plus :

Sur Masaccio

Sur la fresque de La Trinité

Sur Vasari

Sur la perspective géométrique

Tommaso di Giovanni Cassai dit Masaccio, Adam et Ève chassés de l'Éden, vers 1426-1427, 208 x 88 cm, Chapelle Brancacci, Florence
Voir en grand