Bon, ça arrive quand ?

"Il n'y a pas de mal à être né dans une basse-cour lorsqu'on sort d'un œuf de cygne."

Hans Christian Andersen

Bonjour,
Aujourd'hui : "Bon, ça arrive quand ?"
Où l’on rencontre un jeune peintre qui ne compte pas y laisser des plumes.

1531, Florence. Le génial Michel-Ange vient d’essuyer un camouflet. Son dernier tableau, destiné au duc de Ferrare, s’est fait qualifier de "petite chose".

Très vexé, le maître italien offre finalement l’œuvre à Antonio Mini, l’un de ses élèves. Ce dernier est ravi : avec une œuvre aussi précieuse, il en est certain, sa fortune est faite !

Daniele da Volterra, Michel-Ange, vers 1544, huile sur bois, 88 × 64 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York
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Il part aussitôt pour la France où il espère vendre le tableau au roi François I^er. Pourquoi le souverain serait-il intéressé ? Une femme toute nue qui enlace un oiseau, quel étrange sujet !

En fait, l’œuvre représente le dieu Jupiter, transformé en cygne pour s’unir à Léda. Ça tombe bien, François I^er est friand d’Antiquité.

Jean Clouet, Portrait de François I^er, roi de France, 2^e quart du 16^e siècle, huile sur bois, 96 x 74 cm, Musée du Louvre, Paris
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Seul problème, le tableau est particulièrement encombrant… Le faire traverser les Alpes, ce ne sera pas du gâteau. Le transport se fera donc par bateau, et Mini, de son côté, prend un peu d’avance en allant l’attendre à Lyon.

Mais les jours passent, et le bateau tarde à arriver. Antonio est très ennuyé, ses économies fondent à vue d’œil. Que faire ?

Attribué à Michel-Ange, Léda caressée par Jupiter changé en cygne, 16^e siècle, dessin préparatoire, sanguine sur papier, 28 x 29 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi
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L’artiste débrouillard a une idée. Il s’inspire des dessins de son maître et entreprend de vendre des copies de Léda. C’est un succès ! Quand l’original arrive enfin, toute la ville connaît le chef-d’œuvre et tente de mettre la main dessus.

Rosso Fiorentino, copie d'après Michel-Ange, Léda et le cygne, après 1530, huile sur toile, 105 x 141 cm, The National Gallery, Londres
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Finalement, après quelques péripéties, Léda rejoint bien les collections royales, avant de disparaître à nouveau… Enfin, pas tout à fait : les copies lyonnaises ont elles-mêmes inspiré d’autres artistes, comme le grand Rubens.

Quant à Antonio Mini, il est aussi passé à la postérité : le modèle de Michel-Ange pour peindre le visage de Léda… ce serait lui !