1916, Première Guerre mondiale. Les soldats sont plongés dans l’horreur de la bataille de Verdun. Entre les fréquentes attaques et la pluie d’obus qui tombe sur leur tête en sifflant, ils sont au coeur d’un chaos d’une violence inouïe. Mais un sous-lieutenant reste penché sur une feuille de papier... Il est en train de dessiner !

Vue du Bois des Caures, Moirey-Flabas-Crépion, au nord de Verdun, 1916, photo : © Mémorial de Verdun, illustration Artips
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Cet homme, c'est Luc-Albert Moreau. À l'époque, il connaît un certain succès avec ses œuvres inspirées du cubisme, qui lui permettent d'exposer à l'étranger. Mais la guerre a tout stoppé : enrôlé comme soldat, Moreau s'est retrouvé en première ligne.

Luc-Albert Moreau, Verdun, 2 septembre 1916, 1916, fusain sur papier, 26,5 x 33,5 cm, Mémorial de Verdun, Fleury-devant-Douaumont, photo : © Mémorial de Verdun
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Malgré les difficultés, il ne peut abandonner son art. Il passe donc son temps à croquer ses camarades pour témoigner de leur quotidien. On découvre dans ses dessins des soldats épuisés ou sur le point de partir à l’attaque.

Moreau a fait de son mieux avec son matériel sommaire. Ses traits de crayon hachurés prouvent que ses croquis sont réalisés rapidement, sur le vif. Rien à voir avec les œuvres des artistes en mission officielle pour le gouvernement !

Luc-Albert Moreau, 7 septembre 1916, aux abords de Thiaumont, en pleine attaque, 1916, crayon sur papier, 33,9 x 27,2 cm, La contemporaine - Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains, Nanterre, photo : © La contemporaine
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De toute façon, pour Moreau, ces non-combattants ne sont pas légitimes pour représenter la guerre : ils ne sont pas sur le front. Contrairement à eux, le dessinateur ne cherche pas les grands sentiments ou l'héroïsme. Il montre la réalité, dans toute sa brutalité.

D'ailleurs, ses dessins frappent ceux qui les découvrent publiés dans Le Crapouillot, le journal des tranchées. Son ami le peintre Raoul Dufy, qui a échappé à l'uniforme, écrit ainsi : "après une nuit de combat, où Luc-Albert a-t-il puisé la force de prendre son crayon… ?".

Luc-Albert Moreau, L'homme des gourbis, sept. 1916, crayon lithographique, 33,9 x 26,7 cm, La contemporaine - Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains, Nanterre, photo : © La contemporaine
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Hélas, comme la plupart des anciens combattants, Moreau restera hanté par son expérience. Impossible de reprendre le cubisme comme si de rien n’était ! Ce sont désormais de nombreux tableaux de guerre qui sortiront de son atelier…

Luc-Albert Moreau, Contre-attaque, après 1918, huile sur toile, Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou, Paris, photo : © Bridgeman Images
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Pour en savoir plus :

Eh oui, l’art a continué de fleurir au milieu du bouleversement de la Première Guerre mondiale. Français comme Allemands ont fabriqué, écrit, composé pour témoigner de l’horreur du quotidien ou pour s’en échapper.

C’est cette réalité bouleversante que dévoile le Mémorial de Verdun dans une exposition passionnante : "Art/Enfer, créer à Verdun 1914-1918". Pour découvrir ces œuvres exceptionnelles, des objets intimes à l’art officiel commandé par l’État, rendez-vous au Mémorial entre le 23 juin et le 31 décembre 2022.

En savoir plus sur le Mémorial de Verdun (vidéo)