Décembre 1908. Le célèbre compositeur Debussy offre un joli cadeau à sa fille Claude-Emma. En cette période où sa vie personnelle est compliquée, son bout de chou de trois ans lui met du baume au cœur.

Le musicien au caractère difficile s’est même transformé en papa gâteau ! Alors, bien sûr, il n’a pas prévu n’importe quel présent pour sa "Chouchou"...

Claude-Emma Debussy, vers 1908, photographie, photo : DR
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Il s’agit d’un recueil de six courtes pièces pour piano. Ce Children’s corner (Le coin des enfants) est directement adressé à sa "très chère petite Chouchou". Et il puise son inspiration dans le quotidien de l’enfant !

Claude Debussy et sa fille Claude-Emma, début du 20^e siècle, photographie, photo : DR
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En effet, l’un des morceaux n’est autre qu’une douce et grave berceuse pour l’éléphant en peluche que possède la petite. Dans Serenade for the doll (Sérénade pour une poupée), le piano évoque plutôt une mélopée d’amour, en écho aux histoires que Chouchou crée avec ses jouets.

Écouter le pianiste Seong-Jin Cho interpréter le morceau Serenade for the doll, issu du recueil de Claude Debussy Children's corner, 2019 (vidéo)

D’autres pièces sont plus parodiques. Ainsi, Doctor Gradus ad Parnassum se moque de célèbres exercices de piano pour enfants, portant le même titre.

Et dans la dernière, Debussy s’inspire du jazz noir américain : il transforme un passage de Tristan und Isolde de Wagner, que le compositeur méprise, en danse syncopée. Il devient ainsi l’un des premiers musiciens français à faire un clin d’œil au jazz.

Écouter Claude Debussy interpréter son morceau Golliwogg's Cakewalk issu du recueil Children's corner, 1913 (vidéo)

Bien sûr, si tous les titres sont en anglais, ce n’est pas un hasard : Chouchou est alors en train d’apprendre cette langue. Chaque occasion est bonne pour l’entraîner ! Ces morceaux tendres et drôles seront joués par Chouchou elle-même, une fois plus âgée.

Hélas, sa carrière prometteuse de soliste s’interrompt net : la maladie emporte l’enfant tant aimée à quatorze ans, à peine quelques mois après son cher papa. Mais ce recueil demeure le symbole de cette affection mutuelle... Aujourd’hui, ces pièces sont jouées par tous, des pianistes en herbe aux plus grands orchestres !

Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar, Claude Debussy, 1905, photographie, collection privée
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