Aujourd'hui : "Retour vers le futur"

Quelque part dans le sud des États-Unis, en 1937.
Deux hommes, équipés de 220kg de matériel d’enregistrement, débarquent dans une petite ville de l’Alabama. Ils ont rendez-vous avec une voix.

Cette voix, c’est celle de Vera Hall, un petit bout de bonne femme rondouillette. Les deux hommes mettent en marche l’énorme enregistreur, encastré dans le coffre de leur voiture.
Vera Hall dispose alors de quelques minutes de disque vierge pour graver sa chanson dans l’histoire.

Car ces deux hommes, les Lomax père et fils, sont des musicologues. Bien décidés à enrichir les archives nationales américaines, ils enregistrent et documentent des milliers d’heures de chants traditionnels, notamment dans le sud des États-Unis.

À une époque et dans une région profondément racistes, les Lomax vont sur le terrain pour recueillir les voix des prisonniers, des fermiers et des ouvriers noirs. Ces chants, nés dans la souffrance de l’esclavage, n’intéressent alors pas grand monde...

Pourtant, le travail des Lomax permet de constituer un véritable patrimoine sonore américain.
Aujourd’hui, c’est grâce à leurs pérégrinations que certaines grandes voix du blues nous sont parvenues. Celle de Muddy Waters par exemple, dont le jeu de guitare et la voix rauque marquent l’histoire du blues.

Et la chanson de Vera Hall, qu’est-elle devenue ? Une soixantaine d’années après son enregistrement, la chanson Trouble so hard est reprise par Moby. Ce célèbre artiste, compositeur électro, décide de la mettre en musique.

Le refrain de Vera Hall est “samplé”, c’est à dire extrait du morceau d’origine et joué en boucle sur un nouvel accompagnement sonore. Cette nouvelle version devient immédiatement un tube planétaire...

Pour en savoir plus :

Sur Alan Lomax

Sur Muddy Waters

Écoutez Natural Blues de Moby



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