Qui a marché sur ma harpe ?

"Innover, ce n'est pas avoir une nouvelle idée mais arrêter d'avoir une vieille idée."

Edwin Herbert Land

Bonjour,
Aujourd'hui : "Qui a marché sur ma harpe ?"
Où l’on rencontre un luthier qui a retrouvé les pédales.

1728, Vienne. Le luthier Jacob Hochbrucker est invité à la cour pour présenter sa nouvelle harpe. Cela fait plus de trente ans qu'il y travaille, et il est enfin content du résultat.

Sa harpe a de quoi intriguer les courtisans : en effet, celle-ci est dotée… de pédales ! Mais pourquoi un harpiste jouerait-il aussi avec ses pieds ? Non, Jacob Hochbrucker ne marche pas sur la tête. Avec cette invention, il tente d'améliorer la harpe.

Harpe à pédales attribuée à Jacob Hochbrucker, 1728, Musée de la musique, Cité de la Musique, Paris, photo : © Jean-Marc Anglès
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En effet, son système composé de sept pédales, une par note, permet de jouer sur la souplesse des cordes. Lorsqu'on appuie sur une de ces pédales, cela enclenche une mécanique de crochets qui raccourcissent les cordes et les font varier d'un demi-ton.

Jusque-là, la harpe ne pouvait jouer qu'une note par corde... On peut désormais en faire varier la hauteur ! Bien que révolutionnaire, l'invention de Hochbrucker reste cependant assez peu connue, car elle n'est pas adaptée aux goûts de l’époque.

Harpe à pédales attribuée à Jacob Hochbrucker, 1728, Musée de la musique, Cité de la Musique, Paris, photo : © Jean-Marc Anglès
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L'inventeur aurait-il travaillé trente ans pour rien ? Pas du tout ! Son système inspire, un siècle plus tard, le français Sébastien Érard. Ce dernier améliore le projet d’Hochbrucker et conçoit la harpe "moderne", telle qu'on la connaît aujourd’hui. Il est désormais possible de jouer trois hauteurs de note (bémol, bécarre ou dièse) par cordes. C’est une véritable aubaine pour cet instrument, qui subissait la rude concurrence des claviers, plus riches harmoniquement.

À gauche : Henri Pottin, Portrait de Sébastien Érard, 1850, lithographie, 32 x 46,5 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
À droite : Maison Érard, Harpe à double mouvement, 1890, Musée de la musique, Cité de la Musique, Paris, photo : Claude Germain
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Alors qu'elle tombait en désuétude, la harpe connaît un regain de succès, en France puis en Europe. En effet, les plus grands compositeurs comme Berlioz, Debussy ou Ravel l'introduisent dans leurs orchestres et lui dédient de magnifiques morceaux. Jacob Hochbrucker n'avait donc pas perdu les pédales !