1818, Vienne. Le compositeur Franz Schubert passe une excellente soirée chez son ami Hüttenbrenner. Ce dernier a reçu quelques bouteilles de vin rouge hongrois, que les deux compères se sont empressés de boire.

Minuit approche… Soudain, Schubert décide que c'est le moment idéal pour écrire un peu de musique !

Josef Abel, Le jeune Schubert, début du 19^e siècle, huile sur toile 83,3 x 70 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne
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Le voilà qui s'assoit au bureau de son ami. Malgré son ébriété, il trace ses notes d'une main sûre, sans rature.

Le morceau en question est une nouvelle version d'une œuvre composée près d'un an plus tôt : La Truite. Il s'agit d’un lied, un poème chanté et souvent accompagné par un piano.

Pour écouter Louise Alder interpréter La Truite de Franz Schubert, 2017 (vidéo)
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À l'époque, Schubert est déjà considéré comme un maître dans la composition et l'interprétation de ce type de pièce musicale. Pour La Truite, il reprend un poème allemand évoquant une petite truite s'égayant joyeusement dans une rivière… jusqu'au moment de sa prise.

Winslow Homer, Saut de la truite, 1889, aquarelle sur mine de plomb sur papier vélin, 35,4 x 50,6 cm, Musée de Brooklyn, photo : Brooklyn Museum
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Quant à la musique, Schubert s'est inspiré sans le vouloir d’une mélodie entendue dans une œuvre de Beethoven. Lorsqu'un de ses amis lui signale cette ressemblance, il est si consterné qu'il envisage de détruire La Truite ! Heureusement, ses proches parviennent à l'en dissuader.

Leopold Kupelwieser, Gesellschaftsspiel der Schubertianer in Atzenbrugg (Fête des Schubertiens à Atzenbrugg), 1821, aquarelle, 45,5 x 35,2 cm, Wien Museum, Vienne, photo : © Wien-Museum Gesellschaftsspiel der Schubertianer, Atzenbrugg
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Et ils ont bien fait : l'œuvre est devenue l'une des plus connues de Schubert et compte pas moins de six versions légèrement différentes. Dont celle jetée sur le papier ce soir de 1818.

Statue en hommage à Schubert, Stadtpark, Vienne, photo : Beatriz Sologuren © Wien Oesterreich Werbung
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Même ivre, Schubert est alors capable de reprendre le morceau composé un an plus tôt, entièrement de mémoire. Il y a bien quelques variations, mais aucune erreur. En revanche, le vin rouge hongrois aura eu raison de ses autres facultés : dans un dernier geste malheureux, Schubert a renversé son encrier en plein sur la partition !

Franz Schubert, La Truite, 1818, fac-similé de la partition originale manuscrite, photo : © Lebrecht Music Arts / Bridgeman Images
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Pour en savoir plus :

Les fameux lieder de Schubert étaient joués de son vivant lors de soirées privées logiquement appelées… schubertiades. Bonne nouvelle, ces schubertiades existent toujours ! Ces concerts et festivals à taille humaine permettent de savourer la musique du compositeur dans des conditions privilégiées.

Pour retrouver les hauts lieux où a vécu Schubert, l'Office National Autrichien du Tourisme a concocté une petite visite pour suivre sa trace dans les quartiers de Vienne !
Et pour faire la connaissance d'autres artistes inspirés par les paysages d'Autriche, c’est par ici…

Appartement viennois où est mort Schubert, photographie, photo : Lisa-Rastl © Wien Museum
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