1907, Paris. Un journaliste reçoit une étrange invitation. Elle vient directement du bibliothécaire de l'Opéra Garnier : "Soyez à deux heures et demie précises au musée de l'Opéra. Suivez l’homme qui vous y attendra et vous assisterez à une curieuse cérémonie".

L'Opéra Garnier, Paris, vers 1870-1900, photographie, Rijksmuseum, Amsterdam
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Le jour J, le voilà qui suit son guide dans les sous-sols de l'institution. Le journaliste n'est pas rassuré : "Nous descendions, descendions toujours…" Il finit par arriver sous une voûte éclairée, où se trouvent quelques messieurs en redingote. "Était-ce un complot ? Une messe noire ?"

Illustration Musiktips
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Rien de tout cela ! En réalité, ce mystérieux comité est réuni pour enfouir un cadeau à destination des générations futures.
Sa mission ? Enterrer sous l'Opéra des urnes de métal scellées qui contiennent des enregistrements de grands chanteurs de l'époque. Et ces capsules temporelles ne devront être ouvertes… qu'un siècle plus tard !

Cérémonie d'enfouissement d'enregistrements de grands chanteurs sous l'Opéra Garnier, 1907, photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Pour Alfred Clark, le président de la Compagnie française du gramophone, cet enfouissement a deux objectifs. Le premier est de montrer "l'état des machines parlantes" à leurs débuts, et le second est de faire écouter aux auditeurs du 21^e siècle les chanteurs lyriques les plus fameux de ce début de 20^e siècle.

Exemple d'instructions pour se servir des disques reproduisant les ondes sonores, 1912, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Frustré de ne pas savoir "comment Molière récitait ses comédies" ou "comment Mozart exécutait une de ses sonates", Clark propose d'offrir aux futures générations des interprétations de grands airs d'opéra par les stars de son temps. Sur les précieux enregistrements sont immortalisées les voix d'Enrico Caruso, d'Emma Calvé ou encore de Nellie Melba.

Écouter Emma Calvé interpréter L'amour est un oiseau rebelle, extrait de l'opéra Carmen de Georges Bizet, 1907 (vidéo)
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2007, Paris. Des chercheurs de la Bibliothèque nationale de France ouvrent les fameuses urnes avec des précautions infinies.

Les disques sont étonnamment bien conservés ! Et c'est ainsi, un siècle plus tard, que ces voix du passé parviennent jusqu’à nos oreilles…

Ouverture de l'urne 4 (enterrée en 1912), ici en 2008, photo : David Cueco/Bibliothèque nationale de France, Paris
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Pour en savoir plus :

Le récit du journaliste de 1907

Sur l’ouverture des urnes

Pour écouter certains de ces airs

En savoir plus les voix oubliées des urnes de l'Opéra de Paris (vidéo)