Début des années 1850. Le célèbre photographe Nadar ne touche plus terre… littéralement. Juché sur la nacelle d'un ballon gonflé au gaz, il vient de s'élever dans les airs. C'est ainsi que germe une idée : pourquoi ne pas prendre une photo depuis ce point de vue inédit ?

Immédiatement, Nadar entrevoit tout le potentiel de son intuition, notamment en ce qui concerne la cartographie.

Félix Tournachon, dit Nadar, Autoportrait en ballon, vers 1863, épreuve montée sur carton d'après le négatif sur plaque de verre au collodion, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Mais ses collègues sont plus dubitatifs : "Tu vas dépenser l’argent que tu n’as pas et te casser le cou que tu as, pour rien !" Les premiers tests semblent malheureusement leur donner raison : une fois développées, toutes les photos prises depuis le ballon sont uniformément noires. Il n'y a pas là l’ombre d’une image.

Nadar, consterné, reprend ses ascensions avec obstination. Jusqu'à ce qu'un matin, il retrouve son ballon dans un piteux état, légèrement avachi sur lui-même. Est-il encore en mesure de s'élever ?

Honoré Daumier, Nadar élevant la photographie à la hauteur de l'Art, vers 1862, lithographie sur papier journal, 33,7 x 24,8 cm, Brooklyn Museum, New York
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Il faut à tout prix alléger son poids s'il espère décoller. Le photographe vide l'intégralité de la nacelle, et finit même par la décrocher. Mais cela ne suffit pas… Le voilà qui se débarrasse de tous ses vêtements !

Le ballon s'élève péniblement. Nadar prend sa photo et redescend. Cette fois, c'est la bonne ! L'image du Petit-Clamart vu du ciel est un peu pâlotte, mais bien là.

Félix Tournachon, dit Nadar, L'intérieur du ballon Le Géant, vers 1863-1864, épreuve argentique d’après le négatif original sur verre au collodion, 12 x 10,5 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
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C'est alors qu'il comprend : la soupape servant à évacuer l'excédent de gaz du ballon est restée fermée pendant tout son vol, afin de ne pas en perdre davantage. Un risque qu'il n'aurait normalement pas dû prendre, pour éviter tout risque d'explosion. Or, lors des précédents essais, le clapet était resté ouvert : le gaz avait réagi avec les produits chimiques des plaques photographiques, ce qui donnait ces tirages noirs.

Pour que sa technique fonctionne, le photographe doit donc veiller à bien fermer la soupape d'évacuation au moment des prises de vue. Nadar peut enfin déposer son brevet en 1858. Et, grâce à lui, on peut désormais voir la Terre d'un nouveau point de vue !

Félix Tournachon, dit Nadar, Premier résultat de photographie (daté de 1858), 1866, photographie argentique, 61 x 44,8 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
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Félix Tournachon, dit Nadar, Paris place de l'Étoile, huit vues à bord du ballon captif d'Henri Giffard, 1868, planche composée de huit vues d’après des négatifs sur verre au collodion, 23 x 28,8 cm, Bibliothèque nationale de France, Paris
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