Colis en attente

"Un roi n’a qu’à vouloir."

Voltaire

Bonjour,
Aujourd'hui : "Colis en attente"
Où l’on confine une œuvre d’art au grand désespoir d’un roi.

1630. Le roi d’Espagne, Philippe IV, est mécontent. Voilà plusieurs années qu’il attend la livraison d’un tableau qu’il a commandé au peintre italien Guido Reni…

Et l’œuvre ne lui a toujours pas été envoyée ! L’artiste n’aurait-il donc pas encore terminé son travail ?

Diego Velázquez, Portrait de Philippe IV en armure, vers 1626-1628, huile sur toile, 57 x 44 cm, Musée du Prado, Madrid
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Pourtant, à Bologne, en Italie, Guido Reni vient bien de poser la dernière touche à son tableau. À la demande du roi, il a représenté un épisode mythologique : l’enlèvement d’Hélène. C’est ce rapt qui déclenche un célèbre conflit légendaire, la guerre de Troie.

D’ailleurs, le peintre a déjà reçu de nombreux visiteurs pour l’admirer. Et ils sont unanimes : il a un talent fou !

Guido Reni, L'enlèvement d'Hélène, 1631, huile sur toile, 253 x 265 cm, Musée du Louvre, Paris
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L’artiste a transformé l’enlèvement en une scène élégante et précieuse. Sur la toile, Hélène part de son plein gré, avec ses servantes, ses bijoux et ses animaux de compagnie. Guido Reni s’est donc montré très original.

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Détail de l'œuvre

Mais alors, pourquoi ne pas envoyer l’œuvre au roi d’Espagne ? Eh bien, elle ne peut pas quitter Bologne… en raison d’un blocus sanitaire. En effet, le nord de l’Italie est alors secoué par une violente épidémie de peste. Les voyageurs sont à l’arrêt.

La peste de 1630-1631 dans le duché de Modène, 1659, gravure, 12 x 16 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York
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Cela n’empêche pas le tableau de Guido Reni de se faire connaître. Célébré par de nombreux textes et poèmes qui circulent, eux, il finit par attirer toutes les convoitises.

D’autres personnalités de l’époque font des offres au peintre et les enchères montent… au point que le roi d’Espagne doit finalement refuser l’envoi. Le prix de l’œuvre est devenu exorbitant !

C’est donc un marchand français qui remporte le gros lot. Quand la toile peut enfin quitter Bologne, elle rejoint directement la France… Elle ne la quittera plus, et se trouve aujourd'hui au Louvre.