Un rien l’habille !

"Il faut savoir placer ses enfants honnêtement."

Félicien Rops

Bonjour,
Aujourd'hui : "Un rien l’habille !"
Où l’on rencontre un peintre qui ne laisse pas ses tableaux entre n’importe quelles mains.

Paris, 1879. Le peintre belge Félicien Rops négocie le prix de son aquarelle Pornocratès avec un collectionneur.
Mais ce dernier, avant de finaliser la vente, a une ultime requête : pourrait-on peindre un petit quelque chose pour cacher la nudité un peu trop explicite de la dame représentée ?

Il faut dire que l’œuvre est sulfureuse : une femme vêtue uniquement de quelques accessoires de mode avance les yeux bandés. Elle est guidée par… un cochon qu’elle tient en laisse. En voilà un couple incongru !

Vous n'arrivez pas à voir les images ? Contactez-nous sur jean@artips.fr

Félicien Rops, Pornocratès, 1878, pastel, gouache et aquarelle, 75 x 48 cm, Musée Félicien Rops, Namur
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Rops veut en fait signifier l’ascendant de la femme moderne sur les hommes aux instincts bestiaux. D’une pierre deux coups, ce progressiste en profite aussi pour critiquer les arts anciens : il les représente figés dans le marbre, sous la forme de chérubins ridicules.

Détail de l'œuvre

La requête du collectionneur est donc un comble pour l’artiste qui entend dénoncer la pudibonderie ambiante ! Pas question de cacher quoi que ce soit. De toute façon pour lui, "il n’y a que les malhonnêtes gens qui se blessent de la nudité simple".

Son œuvre sous le bras, l’artiste repart donc à Bruxelles. Rops en est convaincu, il trouvera facilement un acquéreur. Mais lorsqu’il en rencontre un, il s’oppose de nouveau à la vente ! Qu’est-ce qui peut bien bloquer cette fois ?

François-Eugène Burney, Félicien Rops, 1887, gravure, 13 x 9 cm, Musée d'art du comté de Los Angeles, Los Angeles
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L'artiste apprend que l’intéressé souhaite ajouter Pornocratès à sa collection d’œuvres érotiques. Rops les a vues, et ne les a pas aimées.

Son aquarelle au milieu de "petites saletés" ? Le peintre ne peut souffrir que sa dame soit "prostituée par des regards bêtement lubriques". Les pervers peuvent aller se rhabiller, la dame au cochon parade aujourd’hui au musée de Namur !

Paul Mathey, Félicien Rops dans son atelier, vers 1888, huile sur toile, 145 x 116 cm, Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles
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