2007, zone d’exclusion de Tchernobyl, Ukraine. Martin Hajduch dirige une bien étrange équipe d'agriculteurs. Dotés de masques, de lunettes et de gants de protection, ils s'affairent à planter du soja dans le sol le plus radioactif du monde.

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Heureusement pour nos assiettes, Martin est biologiste et il est ici pour comprendre comment les plantes ont survécu à la catastrophe. Le site, déserté par l'Humanité, foisonne en effet de dizaines d'espèces végétales. Mais comment l'écosystème s'est-il relevé de son effondrement ?

La ville de Pripyat, près du site de Tchernobyl, 2005, photo : IAEA Imagebank
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Lorsque le réacteur n°4 a explosé, des quantités phénoménales de radiations à haute énergie ont été libérées dans l'environnement. Les organismes ont été irradiés jusqu'au noyau de leurs cellules, dans leur ADN même.

Les radiations ont deux effets : elles peuvent détruire purement et simplement l'ADN, provoquant la mort de la cellule. Mais elles peuvent aussi le modifier, en créant des mutations qui peuvent dégénérer en cancer.

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Prenons le cas de radiations assez fortes pour détruire l'ADN et les cellules. Si le foie ou le cœur d'un animal est endommagé, celui-ci meurt rapidement, car chaque organe est spécialisé et indispensable. Mais coupez une plante et elle fera tout simplement pousser les parties manquantes ! Branches, feuilles ou racines, elle est capable de recréer n'importe quel type de cellule à l'envi.

Bouture de ficus, des racines poussent à partir d'une branche, 2013, photo : Biusch
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Imaginons maintenant que des radiations plus faibles ont créé des cellules cancéreuses. Chez l'animal, celles-ci vont facilement se glisser dans l’espace entre les cellules et contaminer l’organisme en se déplaçant. C'est le principe des métastases. Mais les cellules d’une plante sont encapsulées dans un réseau de murs rigides - appelé paroi cellulaire - qui empêche tout déplacement.

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Enfin, Martin a montré que les plantes étaient capables de modifier directement leur ADN en cas de radiations, pour le protéger contre les dommages et les mutations.

Grâce à cette combinaison de systèmes de protection, les plantes ont pu survivre et redémarrer tout l'écosystème ! De quoi en prendre de la graine !

Site de Tchernobyl, 2020, photo : chriswanders
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Pour en savoir plus :

En 1986, personne n’aurait imaginé que Tchernobyl deviendrait synonyme de résilience écologique. Et pourtant, l’écosystème a survécu à son propre effondrement ! Depuis quelques années, le mot a envahi tous les esprits, y compris ceux des enfants. Comment en parler avec eux ? Et comment les rassurer ?

Le livre L'effondrement (et après) expliqué à nos enfants et à nos parents publié aux Éditions du Seuil, aborde ces questions épineuses sous la forme de discussions entre un parent et son enfant : ça veut dire quoi effondrement ? Que peut-on y faire ? Qu’y a-t-il après ? 

Pour lire un extrait de L'effondrement (et après) expliqué à nos enfants et à nos parents de Gauthier Chapelle et Pablo Servigne