1896, Lyon. Le patient du docteur Despeignes vient de rendre son dernier souffle. La cause du décès ? Un fulgurant cancer de l'estomac, diagnostiqué vingt jours plus tôt. Malgré la mort de son malade, Despeignes se félicite : la tumeur a diminué de volume, et pas qu'un peu !

Il en est persuadé, c'est grâce à son nouveau traitement à base de lumière invisible. Celle-ci vient juste d'être découverte et ses propriétés sont encore mal connues…. ce qui ne l'a pas empêché de bricoler un tube à vide et d'irradier son patient !

Victor Despeignes, vers 1900, photographie, photo : Graeme Bartlett
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Comme beaucoup de ses confrères de l'époque, Despeignes pense que le cancer est infectieux et compte foudroyer les bactéries avec sa machine. On sait aujourd'hui qu’il est causé par la prolifération anarchique de cellules anormales : hors de contrôle, elles peuvent former des tumeurs qui envahissent et détruisent tout ce qui les entoure.

Cellules cancéreuses en culture, 1987, photographie, photo : Institut national du cancer
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L'appareil improvisé de Despeignes émet des rayons X, une onde électromagnétique à très haute énergie capable d'endommager le génome. En brisant les liaisons chimiques de la double hélice, les rayons X peuvent couper net les brins d’ADN. Les cellules cancéreuses ne survivent généralement pas à un tel traitement alors que les cellules saines s'en remettent… mais par quel miracle ?

Illustration Artips Sciences
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En réalité, les cellules sont surtout vulnérables lors de leur division. Pendant cette étape, l’ADN se compacte et reçoit plus de radiations que lorsqu'il est dispersé dans le noyau. Coup de bol, les cellules cancéreuses se divisent en permanence !

Illustration Artips Sciences
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De plus, les cellules fabriquent des protéines et des enzymes qui traquent les cassures de l'ADN et les réparent. Deuxième coup de bol : ces molécules sont souvent défaillantes dans les cellules cancéreuses et elles ont du mal à réparer les dommages causés par les rayons X.

La protéine P53 active la réparation de l'ADN, illustration Artips Sciences
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Enfin, Despeignes a spontanément espacé les séances d'irradiation pour organiser son emploi du temps chargé. Une idée lumineuse qui permet aux cellules saines de se réparer entre deux doses : c'est le fractionnement, toujours appliqué aujourd’hui !

Cellules saines, 2016, microscopie à fluorescence, photo : Microscopie ZEISS
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Pour en savoir plus :

Malheureusement pour Despeignes, sa découverte sera largement ignorée et la radiothérapie ne refera surface que trente ans plus tard sous l'impulsion de l'américain Grubbe. Elle fait désormais partie de l’arsenal de traitements déployés contre le cancer, une maladie encore trop taboue à laquelle la Cité des sciences consacre une nouvelle exposition très justement intitulée… Cancers.

Celle-ci permet aux visiteurs de mieux comprendre la maladie et ses traitements actuels ou futurs, mais aussi de toucher à son aspect humain. En suivant les patients, les soignants et les accompagnants, elle offre de nombreux témoignages sur la vie pendant et après le cancer.

Pour en savoir plus sur l'exposition Cancers présentée à la Cité des sciences et de l'industrie, rendez-vous sur cite-sciences.fr/cancers