"Ce n’était plus un peintre, en vérité, mais un chasseur. Il allait, suivi d’enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents."

Guy de Maupassant

Bonjour,
Aujourd'hui : "La petite bête qui monte, qui monte..."
Où l’on apprend l’histoire vertigineuse des falaises d’Étretat.

 

1886, Côte d'Albâtre. Comme chaque année, le peintre Monet arpente les falaises d'Étretat à la recherche du point de vue idéal. Le maître impressionniste est très attaché à la côte normande : il y a déjà réalisé une cinquantaine de tableaux ! Cherchant à capter les effets de la lumière sur les falaises de craie baignées par la mer, il est subjugué par la beauté de ce paysage pittoresque… Mais comment ces falaises, à la forme si reconnaissable, se sont-elles formées ?

Claude Monet, Les falaises à Étretat, 1885, huile sur toile, 65 x 81,1 cm, Clark Art Institute, Williamstown
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Tout a commencé il y a 120 millions d'années, durant une période que les géologues appellent le Crétacé.

À cette époque, la région est recouverte d'une mer chaude peu profonde, dans laquelle des algues unicellulaires prolifèrent : les coccolithophoridés.

La France à l'ère du Crétacé, Illustration Sciencetips
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Ces microorganismes ont la particularité de construire une enveloppe calcaire sphérique autour d'eux, comme un squelette externe, appelé coccolithe.

Quand les algues meurent, les coccolithes se détachent et tombent en pluie au fond de la mer, où ils se déposent par sédimentation en formant une sorte de boue.

Coccolithes, 2007, microphotographie colorisée, photo : NEON ja
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La répétition de ces épisodes (prolifération puis sédimentation) donne naissance à différentes couches de boue, des strates, qui s'empilent les unes sur les autres sur plus de 100 mètres d'épaisseur ! Compactées sous leur propre poids, ces dernières se déshydratent et se transforment en une roche sédimentaire consolidée : la craie.

Illustration Sciencetips
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Quand la mer s'est retirée, il y a environ 65 millions d’années, le socle de craie s'est retrouvé à l'air libre. Mais la craie, friable et poreuse, est particulièrement vulnérable à l'érosion : les fleuves puis la mer (qui est finalement revenue !) ont peu à peu creusé les falaises que nous admirons aujourd'hui, de part et d'autre de la Manche.

Animation Sciencetips
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Malheureusement, l'érosion poursuit son œuvre et les falaises reculent rapidement. Il suffit, pour s'en rendre compte, de contempler les nombreuses toiles de Monet : les lignes de rivage ont reculé de plus de 30 mètres en un siècle !

Claude Monet, Mer agitée à Étretat, 1883, huile sur toile, 100 x 81 cm, Musée des Beaux-Arts de Lyon
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" Ce n’était plus un peintre, en vérité, mais un chasseur. Il allait, suivi d’enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. "

- Guy de Maupassant -

Racontée par Céline Davy

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