"Penser que des plantes mangent des insectes va à l'encontre de l'ordre de la nature."

Carl Linné

Bonjour,
Aujourd'hui : "Piège en eaux troubles"
Où l’on aspire à bien dîner.

 

1876, Vineland, New Jersey. La spécialiste des insectes Mary Treat se promène dans son magnifique jardin victorien à la recherche d’une plante aquatique, Utricularia purpurea.

Quelques fleurs mauves à la surface du bassin trahissent sa présence, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : sous l’eau, la plante déploie de longues tiges couvertes de petits sacs appelés vessies.

Utricularia purpurea, photo : DR
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Treat cueille quelques vessies et les ouvre sous son microscope, découvrant de petits insectes à moitié rongés. Elle contacte aussitôt Charles Darwin, qui a déjà étudié les plantes carnivores, et les deux scientifiques échangent leurs avis.

Mais ils ne voient pas les choses du même œil... Selon Darwin, les insectes pénètrent "volontairement" dans les vessies. Treat a une autre idée, un peu plus saugrenue… et si la plante elle-même chassait ses proies ?

À gauche : Portrait de Mary Treat, vers 1920, photo : Société historique et antiquaire de Vineland / À droite : Herbert Rose Barraud, Portrait de Charles Darwin, 1881, photographie
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Bien vu ! Grâce aux caméras modernes ultra rapides, on sait désormais que les utriculaires capturent leur repas grâce à un plan en trois étapes.

Tout d’abord, elles vident leurs vessies qui sont remplies d’eau et d’enzymes digestives. De petites pompes situées à l'entrée des vessies évacuent le liquide, créant progressivement un vide à l’intérieur.

Vessie de Utricularia purpurea se vidant de son eau, illustration Artips Sciences
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La nature ayant horreur du vide, elle se charge de le combler en déformant les parois de la vessie, qui se creusent et s’écrasent sur elles-mêmes : cela les met en tension, exactement comme un arc bandé.

Illustration Artips Sciences
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La deuxième étape se déclenche lorsqu’un insecte passe à proximité de l’entrée de la vessie et touche un de ses "cils" sensibles. Ceux-ci commandent l’activation du piège : en moins d’une milliseconde, la porte de la vessie s'ouvre, le vide interne est brisé et la tension stockée dans les parois est libérée.

La vessie reprend instantanément sa forme de base et l’eau est aspirée dans l’espace vacant, comme lorsqu’on relâche le réservoir en caoutchouc d’une pipette.

Un insecte piégé par la vessie d'une Utricularia purpurea, illustration Artips Sciences
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La pauvre bestiole est alors emportée par le flux avec une accélération équivalente à 150 fois celle d’une fusée au décollage ! Elle sera ensuite lentement digérée vivante en guise de dernière étape, un sort assez peu enviable pour les proies de la terrible chasseuse du bassin !

Utricularia purpurea piégeant un insecte, photo : capture d'écran
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Pour en savoir plus :

Rejetée par Carl Linné, prouvée par Charles Darwin, l’idée du carnivorisme végétal a su faire son chemin dans l’esprit des scientifiques. Comment - et pourquoi - certaines plantes sont-elles passées à un régime carné ? Quelles stratégies utilisent-elles pour chasser leurs proies ?

Pour répondre à ces questions, les Étincelles, lieu éphémère du Palais de la découverte, proposent une nouvelle animation dédiée aux plantes carnivores et à leurs exploits. À retrouver dès aujourd’hui parmi une offre de plus de cinquante ateliers scientifiques aux Étincelles ! 

Découvrir les Étincelles du Palais de la découverte (vidéo) Photo : © RP Ribiere

" Penser que des plantes mangent des insectes va à l'encontre de l'ordre de la nature. "

- Carl Linné -

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