2003, Allemagne. Dans une salle d'exposition de Munich, les visiteurs sont horrifiés : les statues antiques qu'ils ont sous les yeux ont une allure étrange. Oubliée, la blancheur parfaite du marbre, les voilà recouvertes de couleurs vives ! Un enfant se serait-il amusé avec ses crayons ?

Vue d'installation de l'exposition "Des dieux en couleur : la polychromie dans le monde ancien", musée Legion of Honor, San Francisco, (présentée pour la première fois à Munich), 2017, photo : Fine Arts Museums of San Francisco, Drew Altizer Photography
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Eh non, selon l’organisateur de l'événement, l’archéologue Vinzenz Brinkman, les statues ont au contraire retrouvé… leur véritable apparence.

En effet, les Grecs de l'Antiquité raffolaient des couleurs et des dorures et en recouvraient leurs sculptures. Mais alors, pourquoi les visiteurs ont-ils été si choqués ?

Tête du Cavalier Rampin, vers 550 av. JC, marbre pentélique avec traces de polychromie, 27 cm, Musée du Louvre, Paris, photo : Ptyx
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Pour comprendre, il faut remonter jusqu'à la Renaissance, où l'on redécouvre l'art antique. À l'époque, le temps a déjà fait son œuvre et effacé les pigments. Les artistes copient donc les sculptures telles qu'ils les voient.

Plus encore, la blancheur devient un idéal de pureté et de perfection. Aujourd'hui, malgré les découvertes des archéologues, on a encore tendance à imaginer le monde grec dans une teinte immaculée.

Groupe du Laocoon, (copie d'après un original hellénistique d'environ 200 ans av. JC), découvert en 1506, sculpture sur marbre, 240 cm, Museo Pio-Clementino, Italie, photo : Livio Andronico
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C'est justement cette fausse image que Vinzenz Brinkman a souhaité corriger avec son exposition. Pour retrouver les pigments d'origine, il réalise des analyses scientifiques très poussées sur les sculptures. On a ainsi pu en retrouver des traces invisibles à l'œil nu.

Puis il fait faire des copies des statues avec les couleurs redécouvertes. Le résultat ? Des teintes un brin criardes et des motifs variés que les visiteurs ont détestés.

À gauche : Korè au Péplos, vers 530 av. JC, marbre de Paros avec traces de polychromie, 120 cm, Musée de l'Acropole, Athènes, photo : Marsyas
À droite : Vinzenz Brinkmann, A.Neubauer, C. Bergmann, S. Kellner, U. Koch-Brinkmann, reconstitution de la Korè au Péplos, 2007, Glyptothèque de Munich, photo : Marsyas
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Même certains experts sont dubitatifs : si les pigments sont exacts, les Grecs antiques devaient peindre mieux que cela !

Il n'empêche, l’exposition de Brinkman a permis de balayer les idées reçues du grand public. Et aussi de rendre hommage aux Grecs pour qui une statue blanche était simplement… inachevée !

Ulrike Koch-Brinkmann et Vinzenz Brinkmann, reconstitution d'un torse cuirassé de l'Acropole d'Athènes, 2005, moulage en plâtre, doré, avec pigments appliqués à la détrempe, photo : Fine Arts Museums of San Francisco
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Pour en savoir plus :

Sur l'exposition de Munich

Pour voir certaines reconstitutions de l'exposition

Sur l'idéal de blancheur des statues grecques (vidéo)

Sur l'art de la Grèce antique

Pour en savoir plus sur l'exposition "Des dieux en couleur : la polychromie dans le monde ancien", 2012 (vidéo en anglais)