"Plus un amour est passager, plus il semble inhabituel."

Marie-Claire Blais

Bonjour,
Aujourd'hui : "J’irai où tu iras"
Où l’on découvre que Toulouse-Lautrec était un piètre séducteur.

 

1896. Cette année-là, le Salon des Cent, une exposition de gravures et de dessins, a pour affiche une jeune femme sur le pont d’un bateau. Elle est l’œuvre du peintre Toulouse-Lautrec. Mais personne ne se doute que cette image a une place particulière dans le cœur de l’artiste...

Quelques mois plus tôt, Toulouse-Lautrec s’est rendu à Arcachon en bateau avec son ami, le photographe Guibert.

C’est au cours de cette traversée qu’il tombe sous le charme de l’occupante de la cabine 54. Pourtant, rongé par la timidité, l’artiste n’ose pas l’aborder.

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Henri de Toulouse-Lautrec, La Passagère du 54 - promenade en yacht, 1896, lithographie, pinceau, crayon et crachis, 60 x 40 cm, National Gallery of Australia, Canberra
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Finalement, Toulouse-Lautrec arrive à destination sans être parvenu à tenter quoi que ce soit. Mais l’artiste est du genre tenace. Il décide de rester sur le bateau avec la demoiselle, et tant pis s’il faut la suivre jusqu’au terminus : Dakar.

Son ami Guibert, passablement agacé, finit par le faire renoncer. Ils sont alors à Lisbonne, à 1150 kilomètres au sud d’Arcachon !

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Maurice Guibert, Toulouse-Lautrec peignant Toulouse-Lautrec, vers 1892-1894, montage photographique, Musée Toulouse-Lautrec, Albi
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De retour à Paris, Toulouse-Lautrec peine à se remettre de cet amour à sens unique. Au point que lorsqu’il planche sur l’affiche du Salon des Cent, il ne va pas chercher son inspiration bien loin…

Partant d’une photographie de la passagère, sans doute prise à son insu par Guibert, Toulouse-Lautrec en fait le sujet de son œuvre.

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Maurice Guibert, La Passagère du 54, 1896, photographie, Musée Toulouse-Lautrec, Albi
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Il est alors un affichiste reconnu : en quelques traits rapides, il parvient à évoquer le profil de la passagère de la cabine 54.

Puis il applique de larges aplats de couleurs, inspirés des gravures japonaises. L’artiste ajoute même quelques innovations de son cru, comme les projections d’encre, des “crachis”, obtenues grâce... à une brosse à dents !

C’est ainsi que Toulouse-Lautrec, en voulant soigner son cœur blessé, a imaginé une affiche qui reste l’une de ses créations les plus célèbres !

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Henri de Toulouse-Lautrec, La Passagère du 54 - promenade en yacht, 1896, lithographie, pinceau, crayon et crachis, 60 x 40 cm, National Gallery of Australia, Canberra. Détail de l'œuvre

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Henri de Toulouse-Lautrec, Moulin Rouge, La Goulue, 1891, lithographie, 191 x 117 cm, Musée Toulouse-Lautrec, Albi
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" Plus un amour est passager, plus il semble inhabituel. "

- Marie-Claire Blais -

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