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Illustration Artips
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Un paysage bucolique, au crépuscule. Dans une Antiquité rêvée, des divinités féminines apprécient le calme d’un bois sacré. Le reflet de la lune apparaît déjà à la surface d’un lac, au bord duquel se dressent poétiquement quelques vestiges antiques ornés… d’une grosse horloge. Pardon ?

Henri de Toulouse-Lautrec, Le Bois sacré, 1884, huile sur toile, 172 x 380 cm, Musée d'Art de l'université de Princeton, Princeton
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Quelque chose ne tourne pas rond dans cette œuvre du peintre Henri de Toulouse-Lautrec. En s’y penchant d’un peu plus près, on se rend vite compte que les divinités ne sont pas seules.

À droite, une foule d’hommes tout droit sortis du XIXe siècle pénètre sans scrupules dans l’espace sacré. Pire encore, le peintre s’est représenté lui-même, de dos, en train de se soulager dans l’herbe !

Détail de l'œuvre

Ce Bois sacré pas si poétique est en réalité complètement parodique. Il réinterprète une toile du peintre Puvis de Chavannes, artiste très en vogue à l’époque pour ses grands formats remplis de poésie, de symboles et de mystère.

Pierre Puvis de Chavannes, Le Bois sacré cher aux arts et aux muses, 1884, huile sur toile, 460 × 1 040 cm, Art Institute of Chicago, Chicago
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Tout le contraire des œuvres de Toulouse-Lautrec : lui considère que l’art doit représenter le monde réel, et tant pis si c’est trivial !

Après avoir découvert le tableau de Puvis de Chavannes, Toulouse-Lautrec décide, avec quelques-uns de ses amis étudiants, de s’en moquer en reproduisant l’œuvre pour y apporter leur touche personnelle.

L'atelier de Fernand Cormon (avec Henri de Toulouse-Lautrec assis en bas à gauche), vers 1885, photographie
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La bande d’amis s’amuse donc à faire entrer la modernité dans le tableau. Ainsi l’une des femmes ailées au-dessus du lac tient non plus une lyre comme sur l’original, mais un tube de peinture : une innovation récente que certains peintres comme Puvis de Chavannes rechignent à utiliser. Toulouse-Lautrec, lui, tourne le dos à la peinture ancienne, et avec brio !

À gauche : Pierre Puvis de Chavannes, Le Bois sacré cher aux arts et aux muses, 1884, huile sur toile, 460 × 1 040 cm, Art Institute of Chicago, Chicago. Détail de l'œuvre
À droite : Henri de Toulouse-Lautrec, Le Bois sacré, 1884, huile sur toile, 172 x 380 cm, Musée d'Art de l'université de Princeton, Princeton. Détail de l'œuvre
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Pour en savoir plus :

Sur Toulouse-Lautrec

Sur Puvis de Chavannes

Sur les parodies d’œuvres d’art à l’heure d’Internet

Henri de Toulouse-Lautrec, Rousse (La Toilette), 1889, huile sur carton, 67 x 54 cm, Musée d'Orsay, Paris
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