Au fond des tiroirs

"Une photographie, c'est un fragment de temps qui ne reviendra pas."

Martine Franck

Bonjour,
Aujourd'hui : "Au fond des tiroirs"
Où l’on découvre une artiste tout feu tout flamme.

1980, Berry. Un monsieur vient de tomber sur un trésor. En ouvrant des tiroirs au hasard, dans la vieille maison où il est de passage, surprise ! Il a découvert des plaques de verre et des négatifs photographiques, mélangés dans un joyeux désordre : en tout, 5 000 anciens clichés ont été oubliés là…

Jenny de Vasson, Marthe Brigot, Fougerolles, Indre, 1906, photographie, collection particulière
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Leur auteur ? Une certaine Jenny de Vasson, une énergique jeune femme qui passe son temps à écrire et voyager. En 1899, ses parents lui offrent un appareil photo, un cadeau encore rare à l’époque.

Et Jenny de Vasson se prend de passion pour cette technique : elle transporte le lourd matériel partout et se fait même aménager un laboratoire chez elle pour développer ses clichés.

Jenny de Vasson, Autoportrait à Varennes, vers 1910, photographie, collection particulière
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Ainsi, Jenny de Vasson mitraille tous ceux qui l'entourent, de sa famille aux paysans des environs. Mais elle va parfois plus loin : elle n’hésite pas à mettre en scène ses proches. Son but ? Imiter les thèmes et les cadrages de la peinture de son temps ! Elle s’amuse ainsi avec des silhouettes de femmes à leur toilette ou des jeux de miroirs.

À gauche : Jenny de Vasson, La toilette, Fougerolles, Indre, 1905, photographie, collection particulière
À droite : Berthe Morisot, Devant la psyché, 1890, huile sur toile, 55 x 46 cm, Fondation Pierre Gianada, Martigny
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Si ces photos sont parvenues jusqu'à nous, c’est un véritable miracle… En effet, à sa mort, en 1920, Jenny de Vasson demande que les œuvres de sa vie soient détruites. Au feu ses manuscrits et ses carnets de voyage, ils sont trop "mauvais" pour lui survivre !

Heureusement, elle ne considère pas ses photos comme des œuvres d’art : il ne s’agissait que d’un passe-temps sans importance. Elle autorise donc ses parents à les conserver comme souvenirs d'elle.

Les photos découvertes en 1980 l'ont échappé belle ! Admirées des connaisseurs, certaines entrent alors au musée d'Orsay. Un comble pour une femme qui croyait qu’aucune de ses œuvres ne passerait à la postérité…